Depuis la sortie de The Ultra Zone, Steve Vai n’a pas chômé: Participations à divers albums en tant qu’invité (Billy Sheehan, Robin DiMaggio, Greg Bissonette), double cd live avec la particularité de jouer un morceau unique composé pour la ville qui le reçoit (Alive In An Ultra World) et sortie de l’excellent DVD Live In The Astoria. Du côté des productions originales, c’est un peu le désert, mais le New-Yorkais a surtout fait plaisir à ses fans lors de grosses tournées, accompagné qu'il était par un groupe incroyable (Mac Alpine, Sheehan, Donati…). C’est en 2005 que le nouvel album voit le jour, six ans après la demi-déception The Ultra Zone. Cette nouvelle offrande s’appelle Real Illusions : Reflections. Le groupe autour du virtuose est légèrement modifié, Jeremy Colson (Dali’s Dilemna) se retrouvant aux futs, Billy Sheehan (Mr Big) à la basse et une pléiade de chanteurs apparaissant pour seconder le maître, surtout sur le dernier titre.
"Building The Church" nous rassure sur un Steve Vai mélodiste et puissant avec des rythmiques en acier et un son de guitare soliste très expressif. On sent tout de suite le jeu de Colson plus brute et basique que celui de Mangini ou DiMaggio. Ce jeune batteur est aussi impressionnant en live par sa posture et ses tatouages que par sa frappe. Vai n’a pas abandonné le chant et il le prouve à plusieurs reprises dans l’album, avec tout d’abord l’excellent, progressif et sombre "Dying For Your Love". Vai se révèle au fil des années un véritable artisan des morceaux chantés, avec une écriture très personnelle et un chant se perfectionnant d’albums en albums. Dans un style plus rock, "Firewall" débute sur une prouesse vocale a capella qui nous ramène à la belle époque de Sex & Religion. Les cuivres présents tout au long du morceau rendent cette pièce très festive. Enfin, "Under It All", chanson très progressive qui mélange l’ambiance infernale de "Kill The Guy With The Ball" et la frénésie tribale de certains titres de Sex & Religion, voit l’intervention de plusieurs chanteurs qui remplissent tous un rôle dans ce que l’on peut appeler un genre de scénario musical. Je vous laisse découvrir le message contenu dans ce titre, mais il donne quelques clés sur les textes des autres chansons, en s’apparentant à une conclusion.
Parmi les instrumentaux, Vai a su être équilibré avec du léger et du plus lourd. Pour le léger, "K’m-Pee-Du-Wee" laisse parler l’incroyable toucher de Vai et donne l’occasion à Colson d’appuyer ses accents, tandis que le fameux morceau numéro sept "Lotus Feet", magnifiquement orchestré et paré d'accents indiens, débouche sur la guitare chantante de "Yai Yai". Pour le plus lourd, nous avons "Midway Creatures", qui débouche les oreilles après l’aquatique "Yai Yai " l’indienne (encore !) et terriblement entraînant "Freak Show Excess", qui fait aussi référence à Sex & Religion, et le satrianien "Glorious".
Real Illusions joue l’oxymore jusqu’au bout avec un panel très large de musiques et de chansons. L’album perd en cohérence ce qu’il gagne en variété et en créativité. Je suis personnellement ravi d’entendre des sons et des phrasés que je n’avais pas entendus depuis Sex & Religion. Voilà maintenant cinq ans que Steve Vai n’a pas sorti un album et ce n’est pas l’excellent DVD Where The Wild Things Are sorti l’année dernière qui nous consolera. Si le résultat du prochain album est à la hauteur de ce Real Illusions, alors l’attente aura été récompensée.