Le Brésil compte à son actif non seulement plusieurs coupes du monde de football mais aussi des formations talentueuses et émergeantes dans le domaine du métal. Shadowside fait partie de cette catégorie et un premier album sorti en 2006 avait déjà révélé un certain potentiel à l’égard de ce groupe. "Dare To Dream", le second album distribué en Europe par Metal Heaven, doit donc logiquement s’inscrire dans une démarche dont le but premier est de dépasser le simple stade du groupe "aux capacités prometteuses". Qui plus est en terme de heavy métal, la tâche s’annonce plutôt ardue.
Mais pour ce nouvel opus, Shadowside a fait peau neuve au niveau du line-up. Le quintette de base s’est muté en quatuor avec toujours comme élément pivot la chanteuse Dani Nolden. Cette dernière s’affirme d’ailleurs en tant que véritable moteur grâce à ses capacités vocales qui allient force et caractère. Sa tessiture avoisine celle de la plantureuse Veronica Freeman (Benedictum) dans un registre toutefois moins guttural. Quant au trio accompagnant cette charmante arme fatale, il abat un sérieux boulot tout en laissant la place qui est due à Dani Nolden. L’aspect "effet de bloc" autour de la chanteuse prend certaines dimensions qui en disent long sur la ferme volonté du groupe à marquer un grand coup avec "Dare To Dream".
Justement, son contenu s’apparente à un arsenal blindé de morceaux de facture très classique avec cependant une marque de fabrique assez personnelle. La voix puissante de Dani Nolden apporte son pesant d’intérêt à ce heavy métal mélodique teinté "old school". Le titre d’ouverture annonce la couleur sous des auspices speed métal de fort bonne facture tout en ne traduisant pas intégralement l’ambiance générale que dégage "Dare To Dream". Shadowside fait en effet la part belle aux mid tempo bien appuyés avec toujours en réserve des refrains particulièrement accrocheurs qui rendent l’écoute attractive. Les quelques touches de claviers jouées par la dynamique et entreprenante frontwoman, notamment sur « Hideaway », renforce une enclave mélodique quand même perceptible sur la globalité de l’album. A ce titre, la balade de rigueur "Time To Say Goodbye" sur un disque estampillé heavy métal déverse son lot de sensualité grâce à la modulation de voix et aussi par un solo de guitare tout en nuance que ne renierait pas Dave Meniketti de Y&T.
"Dare To Dream" revêt donc tous les apparats d’un album sérieux et équilibré malgré son enracinement profond dans la grande tradition du heavy métal. Les influences de groupes majeurs issus du continent européen sont bien présentes tout comme cette rigueur germanique sur l'interprétation et ce sens mélodique des formations scandinaves. Quoi qu’il en soit, le virage du deuxième album est dans l’ensemble très bien maîtrisé par Shadowside qui dorénavant, peut prétendre à bien plus qu'oser rêver d’un franc succès auprès des amateurs de heavy métal mais bel et bien à transformer ce rêve en réalité.