Tout doucement les choses prennent forme. Après un premier album et un live que nous qualifierons pudiquement de “perfectibles”, nous retrouvons enfin avec ce "Easy Action", les premiers repères qui annoncent la période (les périodes ?) plus classique d’Alice Cooper, à commencer par un timbre de voix un peu plus reconnaissable, mais également une maîtrise instrumentale et une production dignes de ce nom. Si le style reste quasiment inchangé, un Rock barré qui oscille entre influences psychédéliques et Hard-Rock, l’évolution est notable au niveau de la mise en son. En effet, la production de David Briggs (Neil Young, Spirit), rend l’ensemble plus accessible, tandis que les différents musiciens semblent avoir enfin lu le mode d’emploi de leurs instruments, ce qui contribue grandement au bonheur de nos oreilles.
Mais pour ce qui est du fond, les parallèles avec "Pretties For You" sont encore très présents. A commencer par des velléités expérimentales encore très perceptibles et une influence de Zappa très prégnante, comme sur "Still No Air" par exemple. Certes, la folie est mieux maitrisée et donc plus accessible, à l’image du loufoque "Lay Down And Die, Goodbye" qui pourrait attirer les amateurs de certains projets de Mike Patton, mais le talent dont le groupe saura faire preuve plus tard est encore ici bien embryonnaire.
On peut toutefois constater que la voix de Vincent Furnier commence petit à petit à devenir celle d’Alice Cooper et que le groupe se montre capable d’une violence musicale assez surprenante, notamment avec un "Return Of The Spiders" dédié à Gene Vincent qui annonce la direction qu’il empruntera bientôt. Mais, à l’image de la photo qui orne la pochette de cet album, le succès tournera le dos au groupe qui sera contraint à quitter la Californie et le label de Frank Zappa, pour retourner à Detroit, leur ville natale, où sous la houlette de Bon Ezrin, ils se transformeront en machine à succès.
Il n’en reste pas moins quelques bon titres à l’image d’un "Below Your Means" et sa guitare omniprésente, ou bien de "Beautiful Flyaway" qui est chanté par le guitariste Michael Bruce, mais vraiment pas encore de quoi exciter une sorcière ou réveiller un mort-vivant. Patience, cela va venir…