Déjà auteur l’année dernière d’un album remarquable, il est à noter que Ritual n’en était pas à son premier exploit car dès leur premier album, ces suédois avaient élevé le niveau extrêmement haut avec un premier album d’une qualité inestimable.
Alors que le leader de cette formation s’est fait remarquer depuis en participant à la reformation de Kaipa, autre groupe suédois un peu plus connu des amateurs de rock progressif scandinave, il est clair à l'écoute de "Ritual" que Patrik Lundström avait tous les atouts pour mener une bonne carrière dans ce domaine.
Commençons donc par mettre l’accent sur ce qui émane le plus clairement de ce premier album : le talent.
Tous les morceaux, quels qu’ils soient, ne peuvent laisser indifférent tant l’inspiration, la passion et le feeling y sont présents. Chaque morceau a son caractère propre et aucun n’est à oublier, même si certains auront droit à une mention spéciale : ainsi, "Solitary Man" restera dans votre tête pendant un moment, avec son intro décalée rappelant immédiatement les Flower Kings, son refrain chantant interrompu par un riff très loin du heavy metal mais donnant tout de même un sérieux coup de fouet et une construction telle qu'on les affectionne dans ce style musical. Et comment passer sous silence ce "Seasong For The Moominpappa" qui multiplie les ambiances, passant du planant au refrain entêtant, pour finir dans une taverne sur une inévitable "chanson à boire" ?
La production et l'interprétation viennent souligner une évidente joie de vivre et de jouer de tous les musiciens présents sur cet album. La technique bien présente n'est jamais démonstrative, mise simplement au service de la musique. La prise de son est parfaite, laissant leur part à tous les instruments, ce qui est d'autant plus important du fait que Ritual multiplie les interventions d'instruments assez inhabituels, non pas en solos comme cela se fait souvent mais comme partie intégrante des morceaux. De ce fait, la flûte à bec et le violon de "You Can Never Tell", pas exemple, ne vous paraîtront même pas originaux mais tout simplement naturels dans le contexte et vous en viendrez presque à vous demander comment cela se fait que si peu de groupes l'intègrent dans leur musique, tant cela apporte une évidente valeur ajoutée si l'on sait le gérer.
On pourrait encore citer "Big Black Secret" avec son intro classique au piano bien loin de préfigurer la noirceur qui culmine ensuite, ou revenir sur les changements d'atmosphère qui caractérisent "Typhoons Decide" et discuter de chaque morceau durant bien plus longtemps que la seule heure qui suffit à l'écoute de cet album.
Si avec certains albums, on a vraiment l'impression de perdre son temps, avec "Ritual", bien au contraire, vous allez presque vous demander comment vous avez fait pour passer à côté de cela pendant 8 ans. Voilà un retard qu'il est temps de rattraper.