En 1973, année de parution de ce deuxième album, Ange rencontre le succès sur scène et notamment en Angleterre au festival de Reading où triomphe Genesis. Ceci étant dit afin de mieux situer ce disque dans la carrière du groupe.
Le cimetière des arlequins est musicalement la suite logique de Caricatures. Le son n'est pas des plus net et le mixage revendique la stéréophonie à grand renfort d'effets panoramiques. Mais Ange a mûri et si style reste théâtral, voir grandiloquent, la musique est plus ciselée.
Une magistrale reprise de Ces gens-là de Jacques Brel ouvre l'album, et si la chanson se voit amputée de son dernier couplet cela lui permet de mieux s'intégrer au répertoire du groupe. Le reste des compositions étant dû aux musiciens et reposant sur des textes de
Christian Décamps, on retrouve la démesure du langage et de la musique découverte sur Caricatures. L'inspiration est encore mystique et les titres comme Aujourd'hui c'est la fête..., Bivouac, De temps en temps et Le Cimetière des arlequins sont du grand Ange dans la pleine maîtrise de son rock progressif. Les duels guitare claviers sont omniprésents et leurs montées en puissance soulignent les envolées délirantes du chant de Christian.
Il y a, sur cet album, deux curiosités qui sortent plus ou moins de la trame globale. La première est L'espionne lesbienne dont les paroles, qui devaient passer pour scabreuses en 73, tombent dans un absurde digne des écrits les plus délirants de Boris Vian. Et la deuxième est La route aux cyprès qui est une ballade inspirée par un tableau impressionniste, et dont la musique centré sur la guitare acoustique et la flûte invite à la rêverie bucolique.
En conclusion, cet album ne fera pas aimer Ange par ceux qui avaient rejeté Caricatures, mais ravira ceux qui ont une tendresse pour cette folie aux accents un peu vieillots qui est la signature des années 70. Seule la qualité inégale de la prise de son modère mon enthousiasme et donc ma note.