"Magica" a été l’album de la rédemption pour Ronnie James Dio. Après une tournée, notre homme repart directement en studio, comme pour ne pas gâcher un seul instant d’une carrière commencée depuis si longtemps et repousser encore et toujours son départ à la retraite. Pour ce neuvième album studio, Dio revient à un style plus conventionnel avec un disque de Heavy-Metal classique en 10 pistes. Le line-up évolue au court de l’écriture, Craig Goldy le guitariste quitte en effet le groupe pour être remplacé par le surdoué Doug Aldrich. Ce changement est assez bénéfique, car si Goldy était bon dans le genre, Aldrich est lui un petit génie de la guitare, rempli de feeling qui a déjà largement tracé sa route malgré son jeune âge avec d’excellents groupe comme Bad Moon Rising, Lion ou House of Lords.
Ainsi, outre Aldrich, Dio dispose d’une formation solide, Bain le bassiste a d’ailleurs composé avec Dio l’essentiel des titres et son duo avec Wright à la batterie fonctionne parfaitement. De plus, malgré ses 60 ans, le lutin n’a rien perdu de son charme vocal et reste l’un des tous meilleurs chanteurs de Heavy-Metal en activité. Le résultat donne un "Killing The Dragon" de bonne qualité, qui certes ne révolutionne pas le genre, mais qui a plusieurs titres de très bon niveau et même un ou deux tubes en puissance à l’image de "Magica".
Le premier titre éponyme est une véritable bombe de Heavy-Metal à la fois sombre, par son introduction inquiétante et mélodique, par son riff principal très entêtant, un solo formidable de technique et de feeling, et son chant épique en diable. De plus ce titre, à l’image de la pochette de l’album, permet à Dio d’en finir avec les dragons, ces derniers ayant souvent et à tort collé à son image. Cette impression positive se confirme avec les titres suivants. Certes, l’originalité n’est pas de mise mais le tout est mélodique, agréable à écouter et très bien fait, les errements des années 90 semblent bien loin.
Il y a du bien heavy et pêchu avec l’excellent "Along Come A Spider", écrit en parti par Goldy, et qui dispose d’un refrain très efficace, tout comme "Better In The Dark", autre composition heavy efficace, avec une basse s’y faisant très bien entendre et un solo d’Aldrich encore une fois parfait.
Ensuite Dio nous sort bien sur des compositions plus lentes et épiques comme "Scream" et "Rock & Roll". La première est dans l’esprit de Black Sabbath avec son riff principal très lourd, un ton général bien heavy et un refrain caractéristique, à la fois épique et entêtant. "Rock & Roll" est un titre plus posé, assez blues dans l’esprit, remarquablement bien chanté, tout en émotions et avec un aspect général dans l’esprit d’un Led Zeppelin avec un très bon riff de guitare. Avec "Push", nous tenons le second grand titre du disque, et même un hit qui a cartonné dans les charts et inspiré un clip avec Jack Black. Le tout amènera même un film, "Tenacious D In The Pick Of Destiny" sorti en 2006. Il faut dire que "Push" est un titre formidable, digne de la grande époque de Dio avec Sabbath, à la fois épique, heavy et mélodique, avec un refrain irrésistible et une inspiration complètement retrouvée. Bain, Goldy et Dio ont parfaitement su retrouver les éléments qui ont fait la gloire de Dio. Le solo est l’un des meilleurs du disque et basse et batterie se complètement parfaitement. Rien que pour ce titre, "Killing The Dragon" s’avère indispensable.
La pression retombe par contre un petit peu sur la fin de l'album. Les quatre derniers titres sont en effet moins réussis. "Guilty" et "Cold Feet" sont par exemple des titres de heavy archi-classiques, entendus déjà maintes fois. "Throw Away Children" est typique des titres épiques de Dio avec un refrain fleurant bon les années 80, un air général assez sombre et chose qui surprend un peu, des chœurs d’enfants sur le final, pour un titre juste sympathique. Enfin, "Before The Fall" ne dénote que pour son solo de clavier, seul titre où apparait d’ailleurs le fidèle Scott Warren.
"Killing The Dragon" est donc un bon album de heavy-metal à l’ancienne, sans risque ni surprise, mais qui confirme malgré tout la bonne santé artistique de Dio et de sa bande. Certes l’âge d’or de notre lutin semble assez loin mais on prend du plaisir à écouter cet album qui peut également servir de pont pour les nouvelles générations métalliques pour comprendre ce qu’est le Heavy-Metal et découvrir ce magicien du style qu’est Ronnie James Dio.