Avec un patronyme des cet acabit, il est facile de s’imaginer face à des travaux pratiques de chercheurs en musicologie, à une musique de chirurgiens du son. Avec "TGBE !", le quintet belge opère le rock à cœur ouvert et retire les clamps permettant à des genres comme le noise, le psyché ou le sludge de se diffuser à volo au sein de ce système complexe.
Dès ce premier essai, The Guilty Brothers Experience montre d'ores et déjà toute l ‘étendue de son jeune savoir-faire. Accompagnée d’une pléiade de musiciens, la troupe s’aventure dans des sentiers foulés d’un pas plus ou moins appuyé par des formations telles que The Mars Volta, les américains de Baroness, voire Oceansize.
Denses et sinueuses, au son sans fioriture, les compositions font souvent l’effet d’un bouillonnement sonore s’étirant sur parfois une dizaine de minutes. La production granuleuse, presque sale, jusque dans la voix de Jason Gé, accroît cette impression d’intrication des éléments. Malgré l’alambic apparent de "TGBE !", TGBE (le groupe) ne va jamais dans du trop fort, ni du trop rapide ; l’expérience ne tombe par exemple pas dans les élucubrations de The Mars Volta mais suit un chemin que nous dirons aléatoire, au tempo plutôt régulier.
Afin de respirer dans cet océan de notes, les frères coupables proposent avec "Interlude" et "Ode à Lou", de courts instants d’accalmie et de délicatesse qui tranchent avec le pendant plus monolithique de l’album. De son côté, "As Guilty As Possible !", intercalé entre deux pavés, évoque des sonorités plus pop, plus légères, se présentant là aussi comme un contraste à l’embrouillamini de leur chaudron électrique comme ils le nomment eux-mêmes.
L’expérience de nos amis belges est aussi difficile à décrire qu’assimilable à l’écoute. Plusieurs passages seront sans doute nécessaires afin d’en capturer tous les reliefs et les couleurs. Malgré tout, en se mettant en quelque sorte en porte-à-faux face aux canons du genre, ils démontrent d’une soif de refondre les étançons du rock et à ce titre, on ne peut que leur tirer notre chapeau.