Suivant un rythme devenu régulier, Ronnie James Dio et sa bande sont de retour deux ans après pour ce qui sera le dixième album du groupe: "Master Of The Moon". Pour ce nouvel album, le groupe voit encore son line up évoluer, le guitariste Doug Aldrich est déjà parti pour retrouver Whitesnake et Jimmy Bain se voit remplacer à la basse par Jeff Pilson, qui avait déjà œuvré sur "Strange Highways" et "Angry Machines", soit les deux pires albums du lutin. A la guitare, nous retrouvons Craig Goldy, revenu sans rancune malgré son remplacement express en 2002. Ces changements de line up sont un peu inquiétants, car avec "Killing The Dragon", Dio avait trouvé l’équipe idéale, et même si Goldy est un bon guitariste, le feeling et la classe d’Aldrich risquent de manquer cruellement. De plus le départ de Bain est inquiétant, l’homme étant un compositeur de qualité et formant un très bon duo avec Simon Wright, alors que le retour de Pilson nous fait revenir aux piteux souvenirs des années 90.
"Master Of The Moon" suit artistiquement son prédécesseur, mais disons le tout net avec une touche de classe en moins. Le duo Dio - Goldy compose quasiment tout et semble à bout de souffle sans l’apport de Bain, avec pas mal de titres Heavy bas de gamme. Au final le disque ne contient pas un seul tube et présente un Heavy-Metal très classique, sans trop d’idées et d’imagination, comme s'il avait été fait juste pour montrer que Dio était encore capable de chanter. Et à ce niveau, notre homme garde une certaine classe, même s'il n’atteint pas les sommets d’un "Magica".
Ce "Master Of The Moon" est donc assez faible, certes pas autant qu’un "Angry Machines", mais médiocre dans la lignée d’un "Lock Up The Wolves", voire même d’un "Strange Highways", avec de bons passages mais aussi avec son lot de titres faibles, lourds et en pilotage automatique.
Pourtant tout commence assez bien avec un "One More For The Road" efficace, rapide et mélodique, dans l’esprit de Rainbow et des grands titres solos du Dio des années 80, avec un excellent refrain et de très bons riffs et soli. Mais ensuite, tout se gâte ! C’est mou, poussif et d’une lenteur qui assomme l’auditeur. Des titres comme "The End Of The World", "The Man Who Would Be King" ou "The Eyes" sont d’une lourdeur invraisemblable et sans riffs, soli ou mélodies à retenir. De plus, "The Eyes" est gâché par des effets sonores vocaux ridicules qui font plus rire qu’autre chose. Ensuite, le groupe abuse soit de mid-tempos abusifs comme "I Am" qui est certes sympathique mais manque cruellement de patate malgré un bon refrain, ou des titres Heavy bas du front comme "Death By Love" que l’on penserait composé par n’importe quelle formation de Heavy lambda.
De fait, il ne reste pas grand-chose à sauver. Nous citerons tout de même le titre éponyme qui propose un excellent refrain et un chant qui colle bien à l’atmosphère épique malgré, encore une fois, une certaine lourdeur. "Living The Lie" a le mérite de nous réveiller sur la fin de l’album avec son air rapide et inspiré qui fait un bien fou et s’avère être le meilleur titre de l’ensemble. Enfin, nous apprécierons "Shivers" pour la très belle prestation de Dio qui colle bien à ce titre très Heavy sur lequel la guitare se fait enfin largement entendre.
"Master Of The Moon" est donc une cruelle déception après deux bons albums. Dio semble cette fois vraiment en fin de course et, à moins de se donner un énorme coup de fouet en retrouvant un line-up plus efficace, on ne voit pas trop comment il aurait pu rebondir en solo. Car ce dixième album clôture finalement une carrière en dent de scie mais avec de grands moments de Heavy-Metal malgré tout. Les quatre premiers albums restent réellement indispensables à tout amateur du genre qui se respecte.
Par la suite, Dio va donc intelligemment retrouver ses partenaires de Black Sabbath sous le nom d’Heaven & Hell et nous gratifier de deux tournées mémorables et d’un album studio honnête qui fait en tout cas une bien plus belle épitaphe à sa longue carrière que ce "Master Of The Moon" fatigué et désuet. Nous regretterons quand-même que la disparition de Dio nous ait privés de la suite attendue de "Magica" dont un seul single de qualité intéressante, "Electra", aura été enregistré courant 2009 juste avant que sa maladie ne se déclare.