Il est grand temps de remettre certaines choses à leur place. La carrière de Krokus n'a pas commencé avec l'excellent "Metal Rendez-Vous" en 1980, même si c'est cet album qui permis au quintet suisse de rencontrer une reconnaissance mondiale grâce, en particulier, à l'arrivée de Marc Storace au poste de frontman. Non, le combo helvète existe depuis 1975 et a sorti 4 albums avant le célèbre opus cité précédemment. "To You All", seconde livraison discographique est remarquable pour plusieurs raisons qui méritent que nous nous y attardions.
En effet, après un premier album éponyme aux qualités artistiques anecdotiques, Krokus fusionne avec un autre groupe suisse du nom de Montezuma. Seuls deux membres du line-up original restent en place, et encore changent-ils de poste. Chris Von Rohr abandonne sa batterie pour prendre la responsabilité du chant et des claviers, alors que Tommy Kiefer se contente de la guitare alors qu'il officiait au chant précédemment. En plus de l'arrivée du guitariste Fernando Von Arb, du bassiste Jurg Naegeli et du batteur Freddy Steady, "To You All" est également marqué par la première apparition du logo officiel du groupe.
En dehors de cet incontournable intérêt historique, il faut bien reconnaître que cet opus ne brille ni par son originalité, ni par ses qualités artistiques exceptionnelles. En effet, nous avons ici affaire à un bon vieux Hard-Rock très typé 70's, se cherchant encore entre rock musclé mais relativement plat ("Protection"), Blues-Rock classique ("Lonesome Rider"), voire Reggae-Rock approximatif ("Move It On"), le tout étant régulièrement handicapé par le chant d'un Chris Von Rohr qui a vraiment donné sa chance au groupe le jour où il abandonna le micro à Marc Storace pour remplacer Naegeli à la 4 cordes. Heureusement que ses interventions derrière les claviers viennent partiellement compenser sa faiblesse vocale, comme sur le solo de piano-bastringue du Rock'n'Roll Boogie de "To You All" ou celui d'orgue Hammond sur la ballade bluesy "Trying Hard".
Tout n'est cependant pas à jeter dans cet album réédité en 2001, en particulier lorsque Krokus flirte avec des sonorités Southern-Rock. C'est le cas sur un "Highway Song" dynamique au solo constitué d'un beau duel guitaristique, ou sur la ballade aux accents Westcoast "Take It Or Leave It". Malheureusement, entre ces 2 titres ouvrant et clôturant cet opus, seule la ballade "Festival" réussit à sortir son épingle du jeu même si elle n'a pas très bien vieilli.
A écouter si vous appréciez le groupe, mais uniquement dans un but visant à connaître ses débuts. Pour l'explosion artistique, il faudra encore attendre quelques années.