Primal Fear ne perd pas de temps ! En effet, à peine plus d’un an après son premier jet éponyme sort ce deuxième album, "Jaws Of Death". Le groupe compte bien profiter d’un succès rapide grâce à son heavy métal direct et sans fioritures. De plus, il se crée une imagerie autour des aigles qui vont vite devenir un symbole de ralliement. Le seul changement notable de ce nouvel opus est l’arrivée d’un deuxième guitariste, Stefan Leibing, pour varier les soli et les riffs. Car musicalement, "Jaws Of Death" est la copie quasi-carbone de son prédécesseur. Le groupe n’évolue pas ! Il n’en avait de toute façon pas forcément le temps vu le délai de réalisation de ce disque. Bien au contraire, l’aspect heavy direct se voit même particulièrement renforcé. Scheepers se montre très incisif, encore une fois dans l’ombre d’un Rob Halford, et on reste dans un power heavy métal sur lequel plane très fortement l’ombre de Judas Priest.
Cet album est une petite déception par rapport aux espoirs nés avec le premier disque, le groupe ne s’émancipant pas de ses influences et proposant peu de variété dans son heavy métal. Même si les dix titres qui le composent sont efficaces et que le tout est redoutablement produit par un Matt Sinner qui connait très bien son affaire, il manque un petit quelque chose. L’inspiration n’est pas forcément au rendez-vous et les titres manquent d’une ligne générale forte. Bien sur au final cet édifice plaira immanquablement aux amateurs du genre, "Jaws Of Death" restant dans le haut du panier du genre, mais pour un groupe si prometteur, l’ennui et la routine planent déjà à l’écoute de la bête. On frôle vite l’overdose avec des titres hyper heavy qui ne laissent pas le temps de souffler. Au milieu de tout cela, nous retiendrons "Final Embrace" qui ouvre le disque avec efficacité, jouant très bien son rôle d’hymne pour les concerts avec ses riffs puissants et mélodiques. Par contre, il est un peu difficile de digérer la suite tant Primal Fear envoie la sauce avec puissance mais en manquant de finesse. De plus, le chant hyper aigu de Scheppers lasse un peu. Parmi les trois titres suivants, seul "Church Of Blood" se remarque un peu par d’excellents soli à la fois mélodiques, rapides et techniques.
Heureusement, la deuxième partie du disque est plus digeste, malgré un ton qui reste encore bien speed. "Under Your Spell", malgré une intro aux claviers oubliable, est un excellent morceau qui a tout du tube en puissance avec un chant plus en retenue. Scheppers s’y montre vraiment excellent sur un ton heavy, à la fois puissant et mélodique, et un refrain énorme taillé pour cartonner. Ce titre est d’ailleurs devenu un single qui a fait son chemin en Allemagne et il est clairement une récréation bienvenue dans ce disque très heavy. Par la suite, excepté un "Play To Kill" heavy et bien banal, le groupe garde cette ligne de direction avec des morceaux plus mélodiques avec des refrains plus marquants. Il y a par exemple "Nation In Fear" dont le ton est certes rapide mais avec une mélodie entraînante, assez speed métal dans l’esprit mais sans les aspects power et un peu lourds. Le tout montre aussi un chant plus varié, à la fois rapide et épique sur un refrain très efficace avec des chœurs guerriers. Avec "When The Night Comes", le groupe propose un autre titre plus lent et le résultat est sympathique. Primal Fear est très à l’aise et convaincant dans ce genre de mid-tempo heavy et accrocheur. Enfin, avec "Fight To Survive" et "Hatred In My Soul", le groupe conclut de manière intéressante, même si ces deux titres ne sont pas des classiques en puissance. Le premier est un titre heavy classique, pas loin d’un Hammerfall dans l’esprit, alors que le second est speed avec un excellent refrain pour susciter l’intérêt.
Ce deuxième album est donc clairement un ton en dessous de son prédécesseur. Primal Fear a voulu rapidement occuper le terrain et cela s’est fait un peu au détriment d’idées fortes et personnelles. Malgré tout, le disque a rencontré un franc succès, essentiellement grâce aux titres plus lents qu’il contient, et de fait l’amateur pur et dur de heavy métal y trouvera son compte. Il reste à espérer que Primal Fear variera quand même son propos par la suite sous peine de franchement lasser son monde à l’image d’un Iron Savior ou d’un Hammerfall.