Les aigles sont de retour avec " Black Sun" qui arrive pratiquement un an après un "Nuclear Fire" de grande classe qui avait montré un groupe sûr de sa musique et proposant un heavy métal mélodique à la fois puissant, incisif avec un sens du tube et de la composition très forts. Pour ce quatrième disque en quatre ans de carrière, Primal Fear ne change pas sa formule d’un iota. Le line-up reste le même et Matt Sinner produit à nouveau le tout. La seule différence vient du fait que "Black Sun" est un album concept de science fiction sur l’exploration d’une nouvelle planète. Comme sur " Nuclear Fire", Primal Fear propose des titres bien heavy, d’autres plus mélodiques avec passages speed métal et titre accrocheur de rigueur. Mais alors que son prédécesseur était une réussite totale, "Black Sun" souffre cruellement de la comparaison. L’aura qui planait au-dessus du quintet allemand semble s’être envolée d’un seul coup sans prévenir. Rien en effet dans ce nouvel effort n’arrive à égaler les grands moments passés. La grande rapidité, encore une fois, de l’écriture et de l’enregistrement, semble cette fois avoir joué des tours à une formation très pressée et avide de capitaliser sur un succès grandissant partout en Europe.
Le résultat est donc assez famélique en comparaison de "Nuclear Fire" ou même du premier album. Les espoirs, pourtant assez récents, se sont envolés et il ne reste qu’un disque assez banal de heavy métal mélodique, juste prétexte à repartir en tournée sur la base d’un ou deux titres sortant un peu du lot. Nos hommes jouent certes bien et le tout est efficace et peut plaire à qui découvre le groupe, mais les autres seront bien déçus de cette faible copie. En fait, toutes les bonnes cartouches ont été regroupées dans la première moitié du disque. Après une introduction au clavier et toute en douceur, comme pour préparer à l’entrée dans le concept de l’album, "Black Sun", même si calqué dans le fameux schéma heavy-métal Priestien, est d’une belle efficacité, à la fois puissant et taillé pour les concerts avec un refrain typique du genre, haut perché avec chœurs guerriers. Ensuite, avec "Armageddon" et "Light Years From Home", nous avons affaire à deux titres plus speed métal dans l’âme, avec refrain mélodique facile à retenir, et musique moins purement power métal avec soli efficaces. Et même si ces deux titres sont un peu en deçà de ce que le groupe a pu proposer, ils sont d’une belle efficacité. "Light Years…" en particulier cherche à retrouver le succès d’un "Nuclear Fire" et n’est pas loin d’y parvenir avec un refrain particulièrement marquant, même si Ralf Scheepers chante de manière un peu forcée et manquant de naturel avec pas mal d’effets sur sa voix.
Par la suite, le disque devient de moins en moins marquant. "Fear" est un titre entre thrash et heavy assez faible avec un chant criard particulièrement médiocre. "Revolution" et "Mind Control" sont plus posés, mais moins efficaces. "Revolution" dispose d’un refrain assez faible et d’un riff passe partout peu efficace, et seul "Mind Control" s’en sort un peu mieux avec ses allures d’hymne, mais sans égaler non plus le passé, les couplets étant eux assez faiblards. Nous ressortirons enfin "Magic Eye", titre plus lent qui est le véritable jumeau d’"Iron Fist In A Velvet Glove" de "Nuclear Fire", avec rythme lent et accrocheur, refrain facile et riffs soft. Mais cette fois la mayonnaise prend un peu moins bien, Primal Fear se montrant assez pataud et peu à l’aise. La fin est donc particulièrement médiocre avec son lot de titres sans intérêt, de riffs maintes fois entendus, et un Ralf Scheepers lourdingue et manquant de mélodies. Le tout donne une musique sans âme qui bucheronne à tout va, d’un "Mind Machine" bruyant à un trio final à rapidement oublier tant il est révélateur d’un cruel manque d’inspiration avec des airs de mauvaises faces B de heavy métal standard. Et ce n’est pas un "Silence", faible mid-tempo sauvé seulement par un chant posé et sans trop d’effet qui va changer la situation.
"Black Sun" est donc une cruelle déception après les espoirs qu’avait amené "Nuclear Fire". A l'exception de quelques titres qui sauvent l’ensemble du naufrage complet, jamais Primal Fear ne retrouve la grâce qu’il avait trouvée sur son précédent album. En se contentant d’appliquer une recette qui a bien fonctionné, le groupe se tire une belle balle dans le pied. Il reste à espérer qu’il saura se relever, et surtout qu'il arrêtera de tourner en rond.