Avec "Devil’s Ground", les Allemands de Primal Fear présentent leur déjà 5ème album en à peine plus de 6 ans de carrière. Le groupe a depuis ses débuts fait pas mal de chemin et peu avant la sortie de ce nouvel album, est sorti un DVD live ("History Of Fear"), reprenant deux concerts de 2001 et 2002, dont un au célèbre festival Wacken et nombre de bonus, clips et archives live. Malgré tout, le groupe est un peu sur la sellette avant ce nouvel album, "Black Sun" ayant été une franche déception alors que le groupe a tendance à un peu lasser. Après la très bonne récréation du DVD, il est espéré que Primal Fear retrouve un peu l’inspiration d’un "Nuclear Fire" et surtout qu'il fasse enfin évoluer sa musique.
Malheureusement, et sans faire durer un suspens inutile, le constat de ce "Devil’s Ground" est loin du compte. Déjà, la pochette ne rassure guère avec ses aigles qui semblent n'être qu’une ressortie de la pochette de "Jaws Of Death". C’est également ce qui se produit musicalement, le groupe, dans lequel Tom Naumann a retrouvé son poste de guitariste et où Randy Black (Annihilator) a remplacé Klaus Sperling, s’engluant dans un heavy métal de troisième zone. Il zappe en effet pratiquement toute évolution mélodique pour ne proposer que des titres bateaux, à la limite de la caricature grossière pour certains, en oubliant toute finesse et intelligence musicale. Le résultat est assez catastrophique. Faire pire que "Black Sun" paraissait difficilement réalisable et pourtant, c'est accomplit. Peu de titres ressortent au milieu des ces douze pistes, les seuls y arrivant le faisant en comparaison de la médiocrité du reste. Les riffs mémorables semblent bien loin, de même que les refrains marquants, et même Ralf Scheepers n’est pas au top. Les effets sur sa voix sont bien trop nombreux et le naturel est oublié au profit d’une lourdeur sans nom.
Nous oublierons très rapidement de l’horrible titre d’ouverture, "Metal Is Forever", caricature de Heavy Métal criard dont même un Manowar en faible forme ne voudrait pas, à "In Metal", autre moment d’une rare indigence et qui nous amène à une fin d’album d’une rare médiocrité. Que ça soit avec "Soul Chaser", "Colony 13", le long et pénible "Wings Of Desire", sans oublier la ridicule fin d’album narrative, "Devil’s Ground", le groupe se plante dans toutes les largeurs, proposant des titres vite et mal composés. En fait, seul émerge en début de disque un "Suicide Mania" assez mélodique, au refrain efficace et doté d’un son de batterie puissant et cinglant. D’ailleurs l’arrivée de Randy Black comme batteur est bien la seule bonne nouvelle de l’album et dont la prestation énorme sauve également "Sacred Illusion", bon titre de heavy classique, à la fois rapide et mélodique et chanté de manière assez correcte. Ressort encore "Visions Of Fate", sympathique titre un peu plus lent avec bons soli, un chant un peu plus naturel que sur le reste du disque et une musique agréable, mélodique et ne tabassant pas dans le vide, alors que même le titre lent du disque, "The Healer", n’est pas une franche réussite. Il est long, sans inspiration, et l'on sent clairement que le groupe cherche le single qui pourrait cartonner, avec des orchestrations faiblardes et un riff à oublier. De plus Scheepers ne propose pas une prestation inoubliable, sonnant bien trop peu naturel pour une balade de ce genre.
A ce niveau, proche du zéro absolu, il n’y a que peu de choix pour Primal Fear: Ou le groupe se donne un très sévère coup de pied au derrière et choisit enfin de casser sa routine et sa recette usée jusqu’à la corde, ou il continue de couler à pic et risque de disparaitre rapidement. Voilà qui serait fort dommage au vu du potentiel d’un Ralf Scheepers, de Matt Sinner et du reste du groupe que l’on sait capable de faire bien mieux que cela s'ils veulent seulement s’en donner la peine. Le constat est donc très dur mais réaliste pour un groupe qui fut tellement porteur d’espoirs et que l’on peine à voir à un si bas niveau. Le prochain album aura donc bien des allures de quitte ou double voire même des allures de pari impossible.