Au moment de commencer cette chronique, autant vous avouer ma peine à trouver un angle d'attaque pour discourir sur le premier album de Vieux Carré, Glispiriti Icorpi Elementi, tant la musique proposée ici semble quelque peu … intemporelle.
Groupe italien dont l'adjectif servant de première partie à son nom résume assez bien le style de rock progressif dont il est question sur cette galette, Vieux Carré nous propose une musique bien dans la tradition des groupes transalpins qui ont proliféré dans les années 70, empreinte d'un symphonisme sans emphase mais dont le chant suave, surtout lorsqu'il s'exprime en Italien, ne fait qu'en relever le romantisme.
Toutefois, loin de s'arrêter à ces simples codes, notre quintet y ajoute de belles touches jazzy, par l'intermédiaire du piano d'Alessandro Bartolucci ou encore de la basse inspirée et bien mise en valeur de Nicola Palladion. Globalement, l'ambiance générale est d'ailleurs dominée par ces deux instruments, les claviers étant clairement les maîtres du jeu. Cependant, un titre comme Riconciliazone met également en valeur la guitare, avec un solo mi-écrit mi-improvisé qui nous montre que Filippo Zelli est loin d'être manchot !
Variant les accords, alternant passages dissonants et chorus réconciliateurs aux harmonies plus simples à ingurgiter, Vieux Carré réussit à conserver l'attention de l'auditeur, passant allègrement de titres au format chanson (Greed ou Palinodia), à des compositions plus ambitieuses, pour ne pas dire plus torturées. Ce sont toutefois ces dernières qui demanderont un peu plus d'attention, certains enchaînements, loin de tomber sous le sens, pouvant s'avérer déroutants pour les oreilles non averties.
Album plutôt bien maîtrisé malgré quelques faiblesses passagères au niveau de la justesse du chant, Glispiriti Icorpi Elementi s'affiche clairement comme une réussite, malgré une approche qui nécessitera plusieurs écoutes attentives pour en intégrer toutes les nuances.
Reste maintenant à se poser la question de la pertinence d'un tel style musical plutôt hors d'âge en 2010 … d'où l'introduction de cette chronique qui nous renvoie à la sempiternelle question qui colle aux basques du rock progressif, et notamment de celui qui se réfère d'un peu trop près aux glorieux temps anciens. A vous de juger.
… et pour cela, sachez que cet album est en téléchargement libre sur le site du groupe.