Il est toujours délicat de prendre connaissance d’un groupe par l’intermédiaire d’une production live : difficile de savoir si les morceaux sont réellement représentatifs de l’ensemble de la production, impossible de savoir quelle est la qualité des éventuelles réinterprétations, aléatoire de juger la réelle qualité instrumentale tant la prise de son live est un facteur incertain selon les possibilités du moment et de l’endroit. Mais baste, ne boudons pas notre plaisir, ce n’est pas tous les jours que le chroniqueur a la possibilité de franchir les océans et de se voir présenter un groupe chilien de musique progressive.
Après deux albums studio, le quintette Subterra, originaire de Santiago du Chili, fait paraître Abrir La Herida un album live, fruit de deux prestations en public (en 2000 et 2005), agrémenté de deux pistes studio (les deux derniers titres). Subterra évolue dans une formation tout à fait classique (claviers, guitare, basse, batterie et chanteur), et - comme son nom peut le laisser penser - se complait dans un style néo-progressif porté par IQ, Marillion ou autres Arena, style très prisé et bien représenté en Amérique latine.
Pas de surprise dans la manière, Subterra utilise avec pas mal de variété les facettes du style. Nous retrouvons donc les oppositions / complémentarités claviers-guitare dans des morceaux qui, sans révolutionner l’approche du néo, sont suffisamment bien construits pour accrocher l’amateur de mélodies variées avec breaks judicieusement placés, et ce qu’il faut de dynamisme pour ne pas sombrer dans la fadeur. Cetrementi, morceau qui clôturait leur premier album studio, est le parfait exemple de ce que sait produire un néo-prog inventif et bien construit, avec ses longues plages instrumentales contrastées.
Là où les choses se gâtent quelque peu, c’est quand le chanteur entre dans la ronde. Max Sanchez a un timbre de voix agréable, visiblement il s’investit dans son rôle de frontman (l’effort apporté dans les tenues de scènes est parlant), mais chante faux avec un remarquable enthousiasme. Dans les passages calmes, où la voix reste dans le medium et ne force pas, tout va bien (encore que Ariadna, le dernier morceau, plus atmosphérique, ne soit pas exempt de tout reproche), mais quand le ton s’élève et que les aigus et les forte sont sollicités, les oreilles sont soumises à rude épreuve... Excès d’exaltation due à la prestation en public ? Manque de contrôle ? C’est en tous cas d’autant plus dommageable que le reste de la prestation du groupe est sans grand reproche, tant techniquement que musicalement.
Dans un registre à haute teneur mélodique comme le néo-progressif, cette fausse note (c’est le cas de le dire) fait assez désordre et pénalise assez lourdement l’impression globale que donne cette production live. Dommage, car il y a musicalement pas mal de bonnes idées à déguster dans la musique de ces Chiliens !