Après deux albums sortis sous la houlette de Frank Zappa, le constat est assez amer pour Alice Cooper. Commercialement, c’est la débâcle, et artistiquement le groupe semble encore se chercher. Pour couronner le tout, ils sont remerciés par leur mentor et doivent retourner sur Detroit. Pas découragé, le groupe réussit à se faire signer par Warner et sort son 3ème album en 3 ans, "Love It To Death" (pour être plus précis l’album est tout d’abord sorti confidentiellement sur le label de Frank Zappa, mais n’a connu le succès qu’à l’occasion d’une réédition dans la foulée par Warner).
Mais là où ses deux prédécesseurs se révélaient assez inefficaces, du fait d’une forte propension à se disperser, et d’une piètre maîtrise instrumentale, celui-ci est d’un tout autre calibre. Tout d’abord, Alice Cooper a trouvé sa voix. En se dotant d’un chant éraillé et vicieux le sieur Furnier a créé la marque de fabrique du groupe. Au-delà de cela, la production de Bob Ezrin dote le groupe d’un son qui, bien que sonnant désormais un peu daté, fait basculer celui-ci dans le professionnalisme.
La progression est des plus palpables puisque, outre la bonne tenue générale du disque, le groupe décroche son premier Hit, avec le classique "I’m Eighteen". Mais le changement ne doit pas se mesurer à l’aulne de ce seul succès, car l’évolution du groupe est bien plus profonde. Délaissant la provocation musicale et l’expérimentation à tout va, Alice Cooper, le groupe, se met à composer des titres qui tiennent la route et qui se montrent diablement accrocheurs.
Epaulés par Bob EZRIN, qui les amène à plus de simplicité et d’efficacité ils accouchent de morceaux qui, à l’image de "Caught In A Dream", "Hallowed Be My Name", "It’s My Body", et "Ballad Of A Dwight Fry", combinent à merveille énergie et efficacité. Dans cette dernière chanson le groupe rend hommage à Dwight Llif Frye (avec un "e"), un acteur qui s'est illustré dans plusieurs films d'horreur des années 30. L'entame voit Alice adopter une voix enfantine avant d'évoluer lentement vers une élocution de plus en plus sournoise, pour sombrer ensuite dans la folie.
Si l’on se réfère aux premières versions de titres tels que "I’m Eighteen", on peut constater que le producteur a poussé le groupe à raccourcir le morceau, à gommer les ambiances psychédéliques et à adopter un son plus Rock. Ce qui s’est montré totalement payant en termes de résultats.
Malgré le bon niveau général de ce disque, il reste encore quelques titres un peu dispensables comme la reprise par trop répétitive de Rolf Harris, "Sun Arise", mais indéniablement, la formule magique a été trouvée.
Il est à noter qu’Alice Cooper est alors réellement un groupe et que Alice Cooper, le chanteur, ne participe à la composition que de seulement 4 titres. Si cet album ne tutoie pas encore les sommets en termes de popularité et de qualité, il reste le premier à présenter le groupe de manière plus que décente et à laisser entrevoir le potentiel de celui-ci.