Cela faisait quelques années que nous n’avions pas entendu un effort solo de l’Italien virtuose Alex Masi. Il y eut le deuxième album (live) de son projet MCM avec la section rythmique de Ark (excusez du peu) mais rien depuis Late Nights At Desert's Rimrock sortit en 2006. C’est avec une joie non feinte que nous accueillons Theory Of Everything au titre résumant bien le style du gratteux, à savoir pas ou peu de limite dans les territoires abordés allant avec facilité du classique au jazz en passant par le métal progressif.
Pour cet album Alex Masi s’est occupé de la totalité des instruments et il s’est amusé à trouver de nouvelles possibilités aux niveaux programmation et informatique pour mettre les idées pour ce disque en musique.
La propension d’Alex Masi à visiter tous types de paysages musicaux ne se dément pas avec cet album. C’est ce qui fait le charme des albums de l’Italo-américain : beaucoup de variété dans un temps relativement court (46 minutes), et surtout un bon moyen de ne pas s’ennuyer avec de la guitare instrumentale et pour le coup assez expérimentale.
La légère différence avec Late Nights est que le monstre John Macaluso est ici absent et que Masi a pensé un album dans lequel il occuperait tous les postes, allant jusqu'à programmer la batterie si nécessaire. Le résultat est plutôt satisfaisant avec des compositions résolument appuyées sur les possibilités de la technologie actuelle. On se met même à douter d’entendre une vraie batterie dans le titre inaugural "Theory Of Nothing". Ce titre aux multiples ambiances (seulement séparées par quelques secondes de charleston) explore le jazz moderne, le métal néoclassique et les expérimentations électroniques. "Queen Of Headfuck" place des grilles harmoniques que l’on pourrait rapprocher de Michael Lee Firkins avant de basculer dans un tempo plus spatial avec des envolées à la Planet X. Les sonorités arabisantes sont parfaitement mariées à la lenteur apparente de "Ladies Of The House".
Pour le plus grand plaisir des amateurs de sonorités modernes, Alex Masi joue avec les ambiances trip-hop dans "Scratch The Meat", ou sort son toucher de velours dans un "The Past" très Satchien (période Crystal Planet-Engines Of Creation).
A part quelques minutes disséminées de-ci de-là dans lesquelles on se demande où veut en venir l’Italo-américain, Theory Of Everything est un disque très rafraîchissant, et de par sa variété, n’ennuiera pas le commun des mortels. Il faudra être absolument scandalisé qu’un vrai groupe ne soit pas derrière Alex Masi, allergique aux sonorités modernes, ou bien réfractaire au genre musical lui-même, pour ne pas adhérer à cet album.
Même si l'on sent Alex Masi très intéressé par ses nouveaux joujoux technologiques, il ne manque pas de proposer de la musique digne d’intérêt, sans se forcer oserons-nous dire !