Juste un an après un premier album qui a reçu un accueil assez mitigé, Silent Force est de retour avec "Infatuator" et un nouveau bassiste, Jürgen Steinmetz. Mitigé car le groupe manquait cruellement d’âme et d’une forte identité, surfant sans trop trouver sa voie entre heavy mélodique, progressif et speed métal. Tant et si bien que le groupe porté par DC Cooper semblait être juste un projet solo, uniquement destiné à surfer sur une mode en cours.
Pour ce deuxième album, le groupe va affiner son style en laissant de côté la facette progressive pour proposer un speed métal mélodique classique et assez efficace même si encore fort peu original et personnel. DC Cooper y propose une prestation ultra heavy, pas loin d’un Rob Halford dont le groupe semble être la principale influence de ce "Infatuator". Ceci permet également au guitariste Alex Beyrodt de se faire entendre. Sur "The Empire Of Future", notre homme était assez effacé, alors qu'ici son travail, mêlé à celui des claviers de Thorsten Rohre, est largement mis en avant, même si l’influence Malmsteen est assez forte.
Il en résulte un bon album de heavy métal mélodique sans prétentions, avec 11 compositions de qualité, mettant particulièrement en valeur DC Cooper dont la voix ne disparaît pas trop cette fois dans le mix, la production bien plus puissante y contribuant beaucoup. Et même si ce "Infatuator" ne marquera sans doute pas le genre, tout amateur de métal mélodique devrait y trouver son compte, le groupe nous sortant même un ou deux titres ayant des allures d’hymnes taillés pour la scène.
L’album commence cette fois sans introduction et de manière très directe avec un titre éponyme ultra heavy que n’aurait pas renié Judas Priest tant il évoque "Painkiller". Passé la surprise, ce titre est plus puissant que tout "The Empire Of Future" et que ce que faisait Cooper avec Royal Hunt. Le refrain est une vraie bombe et l'on est scotché au mur par ses riffs et soli surpuissants. La suite est moins power métal mais toujours bien speed dans une première moitié de disque qui fonce droit au but sans trop se poser de questions. Même si l’originalité n’est pas de mise, le groupe applique juste, mais avec talents, des recettes connues chez Gamma Ray, Helloween ou autre Primal Fear et Hammerfall. Des titres tels que "Fall Into Oblivion", "Promised Land, "Hear Me Calling" ou "We Must Use The Power" sont efficaces et mélodiques et souvent mis en valeur avec un clavier qui sait se faire une place. De plus, l’ami Cooper propose une excellente prestation, à la fois rapide et mélodique, soignant particulièrement les refrains et proposant d’excellentes harmonies vocales, valorisant ainsi les titres de belle manière, faisant un peu oublier une musique relativement banale.
Après une reprise sympathique du "All Guns Blazing" de Judas Priest, bizarrement placée en plein milieu de disque, le groupe nous propose un titre plus recherché présenté en trilogie. Entamé par une courte intro symphonique, il nous entraîne dans ses deux parties principales, "Gladiator" et" The Blade", dans un tourbillon à la fois heavy, progressif et épique par la grâce d’un Cooper à son meilleur niveau. Par contre, la fin de l’album souffre de la comparaison. Nous n’en retiendrons que la ballade au piano, "In Your Arms", titre classique pour Cooper dans lequel il excelle, sachant parfaitement retransmettre émotion et finesse dans son chant. Le titre fait oublier deux chansons heavy très banales et une courte conclusion, "Northern Lights", aux allures de titre inachevé.
Ce deuxième essai de Silent Force est donc un ton au-dessus de son prédécesseur mais, à de rares exceptions, le groupe ne sort guère de la masse du genre. Il se propose comme une formation de plus dans la masse du heavy métal mélodique européen avec trop de titres bateaux suivant une recette éprouvée. Il est certes sur la bonne voie, alors que l’on pouvait craindre de ne jamais le voir émerger, mais il y a encore pas mal de travail à accomplir pour se singulariser.