Depuis 10 ans, Frontline continue à nous offrir ses albums contre vents et marées, alternant bon et moins bon mais sans jamais retrouver le niveau de son excellent premier album. Autant dire que l'arrivée de ce septième album studio au titre peu original de "The Seventh Sign" ne déclenche pas l'hystérie, même si les albums du combo allemand sont toujours d'un niveau suffisant pour au moins permettre de passer un agréable moment. Après un "Almost Unreleased" fourre-tout, Robby Boebel et sa bande dégainent pourtant ce qui est probablement leur meilleur album depuis le superbe "The State Of Rock", réussissant même à enfin retrouver les sommets fréquentés à l'époque de cet opus référence dans le milieu Aor / Hard FM.
Ayant fini de vider ses fonds de tiroir, le quatuor mené par son leader guitariste, claviériste, compositeur, et producteur dégaine 10 nouvelles compositions de haute volée auxquelles vient s'ajouter la reprise vitaminée du "Separate Ways" de Journey. Pour une fois que Boebel assume ses influences sans les pomper honteusement, la démarche mérite d'être reconnue à sa juste valeur, d'autant que, bien que collant à l'original, Frontline réussit malgré tout à personnaliser ce titre. Et le reste n'a pas à rougir de la comparaison avec ce classique du genre, d'autant que l'interprétation est clairement montée d'un pallier, avec un Robby Boebel en état de grâce ! Non seulement le bonhomme produit l'ensemble en apportant un peu de puissance à son groupe, sans que cela se fasse au dépens du son légèrement aérien qui fait maintenant partie intégrante de son identité, mais il dégaine également riffs et soli de haut niveau sur quasiment chaque titre. Rajoutez à cela qu'il s'occupe de toutes les parties de claviers et de la plupart des chœurs et vous aurez une idée de l'inspiration et de l'implication de l'ami Robby dans ce qui devrait permettre à Frontline de s'imposer enfin parmi les références du genre.
Pour parfaire l'ensemble, il est superbement secondé par ses compères, avec une paire rythmique qui propulse l'ensemble avec dynamisme et où Rami Ali prend une ampleur que nous ne lui connaissions pas jusqu'à maintenant. Quant à Kammerer, même si sa voix est loin d'être la plus puissante du milieu, il fait preuve d'une variété dans son chant comme jamais auparavant, réussissant à se montrer agressif sur un "Take Me Higher" direct et catchy, dans la lignée d'un Tobruk au meilleur de sa forme, ou bien mélancolique sans être mielleux sur "Like You Do", power-ballade mid-tempo et moment le plus calme de l'album.
Aucun titre ne mérite d'être oublié tant il s'agit à chaque fois de véritables perles d'un Hard FM ondoyant entre un Aor musclé ("This Lie") et un Hard Mélodique rutilant ("Where Is The Love" ou "Melt My Ice"). Frontline sait même se montrer heavy aux détours d'un "This Is My Life" dynamisé par un Rami percutant en diable, ou d'un "You Never Cried" au riff gras surprenant par instants.
C'est donc au moment où nous ne les attendions plus que les quatre Teutons explosent enfin au firmament du Hard FM pour s'imposer comme un leader de la scène européenne avec classe et énergie. Si vous êtes un amateur de ce combo et que "The State Of Rock" fait partie de vos albums de chevet, ne manquez pas ce "The Seventh Sign" qu'une production dynamique et bien léchée positionne même un léger cran au-dessus du pourtant incontournable premier opus de nos amis d'Outre-Rhin. Maintenant que les sommets sont atteints, il va falloir confirmer pour y garder sa place, mais avec un tel talent enfin libéré, tous les espoirs sont permis.