Dès les premiers sons de ce premier album de Coffin On Tyres; grondements de tonnerre, croassement de corbeaux, coup de gratte féroce, le ton est donné, et il est lourd, il est même orageux ! Et la suite de cette intro confirme, "Time Machine" transpire le Stoner insistant, assuré par une rythmique bien lourde, un chant profond et des guitares qui peuvent distiller des soli bien accrocheurs.
Avec ce titre et les suivants, on pense évidemment aux maîtres du genre, plutôt à Kyuss et Queen Of The Stone Age ("Skins") qu’à Monster Magnet, mais aussi à Spiritual Beggars avec le terriblement accrocheur "Winter Of Life". Batterie sans faille, basse dodue et grasse, guitare larsen et influence hendrixienne, chant impeccable, tous les musiciens se lâchent à fond et ça fait mouche. Un titre à se passer en boucle. En huit morceaux, COT étudie quelques facettes du genre, en variant les tempos et les atmosphères, souvent au sein d’un même titre. Prenons par exemple les excellents "Mexican Standoff" et "Safe Place" qui savent se faire planant par instants et puis offrent des passages bien plus déchirés ensuite. Mais les références ne sont là qu’en filigrane, et si COT n’a pas l’ambition de révolutionner le genre, il dispose déjà d’une belle personnalité. Personnalité imprimée tant par l’étendue vocale du chanteur qui peut nous emmener dans des registres émotifs, ténébreux ou plus gutturaux, que par l’inspiration des deux guitaristes, toujours prêts à lâcher un riff ou un solo inattendu.
Tout n'est pas parfait, la production est parfois un peu trop décalée, comme sur "Skins" où, dans l’intro, la batterie aurait mérité un peu plus de profondeur pour illustrer le propos du titre plutôt que de rappeler le côté désuet du glam des années 70. Mais elle ne recherche pas non plus à trop polir le son qui est parfois bien rustique, et ça, c’est plutôt agréable. Si tous les morceaux ne sont pas aussi intéressants ou accrocheurs que les précités, il n’y a aucun titre faible. Tous ont leurs moments d’intérêt et livrent à un moment ou à un autre un groove qui donne irrémédiablement l’envie de se presser dans un bar tout poisseux se faire servir une chope bien fraîche. Un bar où jouerait Coffin On Tyres, car c’est sur scène que ce desert-rock prend tout son sens, et ce groupe devra donc y faire ses preuves.
Mais d'où nous viennent donc ces Coffin On Tyres? Et bien cherchez pas du côté des déserts ricains, car ces cinq gars sont bien Français, originaires de Paris. Et quand on sait qu'ils sont formés depuis 2008 seulement, et qu'ils ont produit cet album avec leurs propres moyens, on se dit que l'avenir leur appartient! Keep Groovin' COT !