Voilà un album qui semé la discorde parmi les fans de Metallica et la communauté metal en général. La genèse de ce "St Anger" est une aventure commencée en avril 2001, soit quelques mois à peine après la fin de la tournée "Reload", et terminée en avril 2003 après nombre de péripéties. Les soucis d’alcool et de drogue de James Hetfield ont largement contribué au départ de Jason Newsted après 14 ans de bons et loyaux service, lassé de ses frasques et désireux de créer son groupe, et au long délai de réalisation du disque. "St Anger" a en effet été commencé mi-2001 avant que Hetfield ne rentre en cure de désintoxication avant d'être entièrement réenregistré entre mai 2002 et avril 2003, nombre de titres presque terminés ayant été abandonnés.
Fait dans l’urgence, cet album nous présente un Metallica hargneux, colérique et féroce. Il ne propose aucun solo, Bob Rock, qui produit le disque et joue de la basse, est assez peu présent et le son de batterie de Lars Ulrich surprend, tout particulièrement sa caisse clair qui résonne comme un baril de pétrole vide. Ce disque semble ainsi joué uniquement par Hetfield et Ulrich, Hammet étant lui aussi très peu présent.
Une fois passée la surprise, on découvre un disque effectivement sans concession. Hetfield donne l’impression d’y exorciser ses démons quand il chante et joue un riff. Les aspects rock, pop ou metal consensuel sont balayés au profit d’un metal brut, teinté de punk et de neo, aspects provenant notamment du son des guitares sous accordés.
On trouve un peu de tout dans ce "St Anger". Tout d'abord il y a les bons titres, parfois un peu trop longs ou plus difficiles à assimiler, sans doute rapidement composés, semblant même parfois inachevés. La première catégorie contient les deux morceaux d’ouvertures, 'Frantic' et 'St Anger', clairement les deux meilleures chansons de l’album. Elles sont redoutables d’efficacité, bien lourdes, proposant des passages faussement calmes, des riffs tranchants et un chant très agressif. Ressortent aussi deux titres assez courts allant droit à l’essentiel que sont 'Dirty Window', aux inspirations punk, simple et efficace, et 'Sweet Amber', plus en nuances avec un début très calme à la guitare avant qu’un excellent riff ne vienne lancer la chanson.
Viennent ensuite ces compositions qui auraient largement gagnées à être plus concises, notamment 'All Within My Hands' avec sa partie finale sur laquelle James s’arrache littéralement la cordes vocales ou 'Some Kind Of Monster', avec son introduction très rock, bon titre assez groovy juste handicapé par quelques redondances. Citons enfin, "Shoot Me Again" qui surprend par son ton lancinant, presque rappée sur le refrain, avec encore de bons riffs même si la dernière partie est assez dispensable.
Et enfin on trouve les titres qui sont de trop comme 'Invisible Kid' ou 'Purify', sans idée directrice, qui ne tiennent que sur un refrain efficace ou 'My World', encore moins inspirée qui, malgré une rage énorme, ne décolle jamais vraiment.
Oubliez le Metallica propre et sans apérité des albums précédents, ce "St Anger" est une œuvre sans concessions qui n'est pas faite pour plaire à tout le monde. Rarement un disque n'aura aussi bien porté son nom mais, malgré ses défauts, il reste attachant. "St Anger" est se doit d'être savouré comme un défouloir dans des moments de rage et de colère.