Après un Ep 5 titres sorti en 2009, les Nordistes de Rozz nous reviennent avec un album intitulé "D’un Siècle A L’autre". Le titre est peut être un clin d’œil à la longévité de leur carrière qui débuta au milieu des années 80, puis entra dans une longue période de sommeil, avant de se réactiver récemment. Délaissant un peu le Heavy Metal de ses débuts, le groupe évolue désormais dans un Hard Rock puissant et lourd, tout en cherchant (assez timidement) à diversifier son propos. La bonne nouvelle vient du son, très correct, et qui tranche singulièrement avec le mini album précité qui avait des allures de démo rapidement expédiée. En effet, et même si le son manque parfois un peu de relief, celui-ci est puissant et les nombreux arrangements / effets sonores insérés dans "D’un Siècle A L’autre", sont assez heureux.
A la première écoute le constat est assez mitigé. La longueur du disque (16 chansons) et le côté assez linéaire du chant et des guitares, contribuent à donner à l’ensemble un aspect lourd et un peu indigeste. Heureusement quelques orchestrations travaillées (l’intro et "In Cauda Aurum"), et quelques arrangements permettent d’aérer un peu la musique. Les tentatives du groupe pour diversifier son style son également très salutaires. Il en va ainsi de "Tu…", un Blues Rock à la AC/DC qui apporte un peu de changement. Le chanteur force moins sa voix que d’habitude et gagne ainsi en profondeur. Le résultat est une réelle réussite.
Puis à force d’écoute, le disque se révèle plus varié que ne le laissait penser une première approche. Différents styles se laissent découvrir. Des très Hard Rock, "Le Cimetière Des Fous" et " Nocturne", aux très Heavy "Les Titans", "A Toute Vitesse" ou "Cavale", en passant par le plus bluesy, "Tu…", la palette d’ambiance s’avère finalement assez vaste. Mais cette variété est un peu occultée par la quantité de titres présentés et par le style très particulier des vocaux. Un style mi-chanté – mi-parlé, qui manque de relief.
Cet album nécessite de la part de l’auditeur un réel investissement en termes de temps pour livrer toute sa richesse. Des titres plus calmes comme le déjà cité "Tu…" et "De Guerre Lasse", ou bien les plus énergiques "Wendigo", et son refrain imparable, ou bien "Fan", se révèlent alors excellents.
Dès lors, le constat est un peu mitigé. Si cet album recèle indéniablement une passion palpable et de très bons titres, il aurait certainement gagné à se voir alléger de quelques titres redondants. Par ailleurs, un effort de Jean-Pierre Mauro pour varier son chant et le rendre un peu plus mélodieux, tout en le dotant d’un peu plus d’émotion aurait certainement été payant. Reste le plaisir de voir des musiciens s’éclater dans un projet qui, loin de sombrer dans la nostalgie ringarde, se révèle ambitieux et très professionnel. Un album qui sent bon la passion et le travail et qui laisse augurer une suite très intéressante si le groupe sait évoluer dans le bon sens.