Dans une interview, Kevin DuBrow (chant) et Franck Banali (batterie), les deux membres restant du canal historique de Quiet Riot, annoncèrent qu’ils souhaitaient totalement se renouveler avec "Rehab", en s’affranchissant de tout ce qu’ils avaient fait auparavant, pour accoucher d’un disque dans l’esprit Classic Rock. Une déclaration de ce type est assez courante, notamment dans le cas de groupe peinant à retrouver une notoriété et un succès fuyant. Dans le cas présent, s’ajoute le fait que le groupe avait cessé toute activité depuis 4 années environ. Mais à l’écoute de ce onzième disque de Quiet Riot, force est de constater que les deux lascars ne faisaient pas que de la promotion classique. Accompagnés de Neil Citron (guitare) et du vétéran Tommy Franklin (basse), le groupe nous délivre en effet un album de très bonne facture.
Plus que de rupture avec les deux disques précédents, nous devons plutôt évoquer une évolution notable et surtout un net effort apporté à la qualité des compositions. En effet, les bonnes chansons sont légion sur ce "Rehab". A commencer par le bluesy "Old Habits Die Hard" durant lequel Kevin DuBrow nous délivre une très belle et sincère prestation, et qui est indéniablement un moment fort du disque. Nous pouvons également citer la reprise (comment imaginer un album de Quiet Riot sans reprise ?!) du "Evil Woman" de Spooky Tooth qui voit Glenn Hugues joindre son chant à celui de DuBrow. "South Of Heaven" (non ce n’est pas une reprise de Slayer) et ses accents Zeppelinesques, "Blind Faith" durant lequel Franky Banali se montre assez bluffant, "In Harms Way", ainsi que le dynamique et moderne "Free" sont aussi de très bons titres. Le niveau général est donc assez bon, et les morceaux dispensables un peu moins nombreux que d’habitude. Nous citerons toutefois, "Beggars And Thieves" qui ne présente vraiment aucun intérêt, et "It Sucks To Be You", qui malgré un joli solo de guitare, se révèle n’être qu’une tentative ratée de faire revivre l’esprit fun des années 80.
Nous noterons que Glenn Hughes participe à l’écriture de 3 morceaux ("Old Habits Die Hard", "In Harms Way" et "Blind Faith") qui s’avèrent être parmi les meilleurs de l’album. Deux autres compositions ("Free" et "Strange Daze") sont coécrites avec Alex Grossi, qui remplacera Neil Citron au poste de guitariste dès la sortie de l’album. Coïncidence ou pas, ces 5 morceaux, auxquels nous pouvons ajouter la reprise de Spooky Tooth, sont, et de loin les meilleurs du disque… De là à penser que Quiet Riot, groupe sympathique et très à l’aise sur scène, souffre depuis des années d’une carence en termes de qualité d’écriture, il n’y a qu’un pas.
L’avenir ne nous dira pas si cette hypothèse est justifiée et si le groupe avait enfin trouvé la bonne formule. En effet, un an plus tard, le décès de Kevin DuBrow, rendit plus que probable le fait que "Rehab" demeure le dernier album de Quiet Riot.