Depuis son départ de TNT en 2005, Tony Harnell n’a pas disparu, mais il n’a pas fait d’excès de zèle non plus. Un album réussi avec Starbreaker en 2008, un EP solo passé inaperçu, et puis c’est tout. C’est donc avec une impatience non feinte que les fans de hard mélodique attendaient sa nouvelle livraison. S’ils ne seront peut-être pas tous déçus, ils seront très certainement surpris. Après avoir officié plus de 25 ans dans le registre qu’on adore, Tony nous propose une musique bien loin de ces attentes. Cerise sur le gâteau pour certains, couteau dans la plaie pour d’autres, ses escapades sont principalement basées sur ses compositions au sein de TNT et sont pour la plupart, des classiques du groupe.
Les premières notes de batterie-basse jazzy de « Somebody Told You » sont tout simplement désarçonnantes. La chant et la guitare presque funky le sont tout autant. Arrive ensuite, le classique des classiques, « Intuition ». Ce morceau est accrocheur en diable, on le sait ; mais à la première écoute de cette version, on ne peut s’empêcher de regretter la puissance des guitares, et sans pouvoir monter leur son, la frustration est grande. L’envie d’en rester là est forte, et ce ne sont pas les interprétations souvent acoustiques qui suivent, qui vous feront changer d’avis. Le hard mélo de TNT est loin, très loin !
Il est donc clair que pour objectivement apprécier ce disque, il est indispensable de changer sa grille de lecture. Il faut alors reprendre l’écoute, avec l’oreille vierge de toute envie de hard mélodique, mais avide de la découverte d’un autre univers.
Avec cette nouvelle approche, quelques pépites de pop mélodique viennent alors titiller votre oreille. « Month Of Sundays », et « Northen Lights », en version acoustique sont pétris d’émotion et Tony Harnell y chante divinement bien. D’autres titres, plus entraînants, sont tout aussi adorables, comme « Lonely Nights » et son petit solo de guitare torturé, ou encore « Satellite » en version fun avec banjo. Mention spéciale à « Ready To Fly », sur lequel la voix d'Amy Harnell (l’épouse de Tony) est tout simplement ahurissante d’efficacité. Dans un style proche, « Song 4 Dianne » a été épuré de son solo de guitare pour en faire une version aérienne de toute beauté ; là aussi la performance vocale féminine est époustouflante. « Shame » originellement présent sur un album de Westworld est joué mid-tempo, en duo avec la chanteuse Sandi Saraya. La version funky soul du classique « 10000 lovers », rebaptisé pour l’occasion « 10K Lovers » est encore plus surprenante, avec une ligne de basse au groove indéniable. Mais à nouveau, il faut aimer ce style.
Finalement, Tony Harnell a effectué un vrai travail d’artiste sur cet album, ne se contentant pas de dépouiller les versions originales, mais cherchant vraiment à leur donner une autre saveur. Il en ressort un sentiment de grand plaisir, et la preuve que Harnell et TNT nous ont pondu, au cours de leur longue carrière, quelques solides compositions (ce n’est hélas pas le cas du seul titre original de ce disque « Anywhere But Here », plutôt mièvre et certainement dispensable). Mais il faudra bientôt siffler la fin de la récréation et espérer que Tony reviennent vite à ses premiers amours.