Accept voit le jour en 1968 sous le nom de Band X sous l’impulsion du chanteur Udo Dirkschneider et du guitariste et futur producteur de renom, Michael Wagener. C’est en 1971 que le groupe prend le nom d’Accept, pour autant il faudra attendre 1976 et nombre de changements de line-up pour que la jeune formation devienne professionnelle. Le tout fait suite au départ de Wagener, et à l’arrivée de Wolf Hoffman, à peine âgé de 16 ans, à la guitare, de Peter Baltes à la basse, puis celle de Jorg Fischer comme deuxième guitariste en 1977 et enfin celle de Stefan Kaufmann à la batterie fin 1978, en lieu est place de Frank Friedrich qui aura juste enregistré le premier album. Cette très jeune formation, hormis Udo qui a plus de 25 ans, ne dépasse guère les 18 ans de moyenne d’âge et entre en studio en 1978 pour sortir ce premier album éponyme début 1979.
Très court, à peine 36 minutes pour 10 titres, il montre une formation encore hésitante et assez brouillonne. Le style est encore à définir, et l'on trouve ici un heavy rock, sorte d’AC/DC en plus rapide, avec déjà des influences heavy métal. Au chant, Udo a déjà sa voix aiguë si caractéristique mais il ne la maîtrise pas encore complètement. Le résultat est donc relativement moyen mais est d’une rare fraîcheur et s’avère au final très sympathique avec ces titres qui montrent déjà un niveau de composition intéressant, laissant deviner un potentiel énorme et une très grande ambition. Aux guitares Hoffmann et Fischer forment déjà une paire efficace et mélodique, sortant des riffs et soli bien ciselés et complémentaires, tandis que Baltes, outre son jeu de basse, chante sur deux titres et s’y montre particulièrement inspiré.
Cet album comprend quelques très bons titres, d’autres plus modestes que l’on sent clairement composés par une très jeune formation qui a juste pensé à brancher ses instruments et à envoyer la sauce sans se poser de questions, mais le tout n’a pas de réelles faiblesses ni jamais de mauvais titres et passe comme l’éclair sans avoir le temps de lasser. Les meilleurs moments se trouvent en première partie de disque, efficaces et pêchus avec même deux ballades au programme. Ainsi "Lady Lou", "Tired Of Me", et "Take Him In My Heart" sont trois excellentes chansons, à la fois rapides, énergiques et mélodiques. "Lady Lou", très typée hard rock, présente un superbe refrain facile à retenir tandis que les deux autres sont plus heavy dans l’âme. Les soli y sont très bon, bien dans l’esprit du genre, avec des refrains efficaces et un ton épique notamment pour un très bon "Take Him In My Heart" montrant un Udo chantant de manière très naturelle sans forcer dans les aigus.
Viennent ensuite deux bonnes ballades, "Seawinds" et "Glad To Be Alone". La première, chantée par Baltes, est un des premiers classiques d’Accept avec son ton intimiste et épique qui en fait une pure merveille de sensibilité et de finesse. La deuxième est également très bien faite, même si le chant d’Udo ne colle pas vraiment au titre, le tout étant magnifié par une très belle introduction et par des riffs épiques de toute beauté. Nous retiendrons également le heavy "Sounds Of War", chanté par Baltes, avec un ton assez rentre dedans et des riffs très bien trouvés, "Free Me Now", titre très rapide et précurseur du speed métal mélodique, mouvement qu’Accept contribuera largement à lancer, avec un Udo au chant très rapide et criard, trouvant ainsi sa voix de prédilection.
La fin de l’album est plus anecdotique avec trois titres moins réussis, plus rock’n’roll dans l’âme, comme "That’s Rock’n’Roll", nettement plus banal et pas forcément adapté à la voix d’Udo, de même que "Helldriver" sur lequel ce dernier cri un peu trop sans réussir à moduler sa voix comme il saura le faire plus tard.
Ce premier jet nous présente donc un album mineur au vu de ce qui suivra, mais il mérite d’être redécouvert. Il possède une fraîcheur certaine, celle des débuts d’un futur monstre du heavy métal, avec des titres chaleureux et réussis lançant très bien la carrière du groupe après pas mal d’années de galère. Et au vu du potentiel présenté, on ne doute pas qu’Accept peut monter très haut et très vite.