A peine un an après l'excellent "Chameleon In The Shadow Of The Night", Peter Hammill récidive en livrant un nouvel opus intitulé "The Silent Corner And The Empty Stage". Mais, en dehors de sa propension à donner des titres plutôt longs à ses disques, Peter Hammill a-t-il su retrouver la qualité du précédent album ?
La réponse est indubitablement oui. "The Silent Corner And The Empty Stage" est d'une grande richesse et arrive même à être un léger cran au-dessus de "Chameleon In The Shadow Of The Night". Peter Hammill est dans une période faste et fait preuve d'une grande créativité, son inspiration lui permettant de façonner des œuvres fortes et originales d'une incroyable diversité.
Dès le morceau d'ouverture, "Modern" (un titre qu'il interprètera fréquemment en live), Peter Hammill pose les bases de ce qui sera son style si caractéristique : un chant inspiré, unique en son genre, ne reculant devant aucune audace, collant parfaitement au texte, avec un phrasé très particulier, tantôt traînant sur certaines syllabes, tantôt comprimant les mots comme s'il n'y avait pas suffisamment de place pour tous les dire, des instruments maltraités, aux sons distordus, des ruptures soudaines de rythme, passant de moments très soutenus à des atmosphères quasi religieuses ou à des instants plus expérimentaux … tout ça en à peine plus de sept minutes !
"Wilhelmina" est une bouleversante chanson racontant les conseils avisés d'un père à sa petite fille pour l'aider à être heureuse dans sa future vie de femme. Les angoisses parentales sont un thème récurrent chez Peter Hammill. Autre exercice de style avec "The Lie", menaçant, mystique, où la voix de Peter Hammill s'enfle et décroît, pour rugir à nouveau, sur fond de piano et d'orgue uniquement.
Car, si sont présents, comme sur l'album précédent, la fine équipe de Van Der Graaf Generator (David Jackson, Guy Evans et Hugh Banton), il s'agit bien d'un album solo de Peter Hammill où celui-ci affirme son omniprésence d'un bout à l'autre, son chant emplissant tout l'espace sonore, se servant souvent de ses guitares et claviers comme principal accompagnement. Les membres de VDGG interviennent essentiellement pour mettre encore plus de relief à une musique lumineuse, comme dans le magnifique "Forsaken Gardens" ou la longue suite "A Louse Is Not A Home".
Parmi la longue lignée des excellentes productions de Peter Hammill, "The Silent Corner And The Empty Stage" figure en bonne place. Mais, comme tout disque de Peter Hammill, ayez la patience de l'écouter plusieurs fois pour pleinement l'apprécier. Si la première écoute est souvent déstabilisante, les efforts consentis pour apprivoiser cette musique sont par la suite largement récompensés.