Premier live d’Accept, "Staying A Life" signe la fin de sa première partie de carrière et sort après que "Eat The Heat" ait fait de gros dégâts. Son ton FM à outrance, parfois sympathique, mais sans âme ni génie fut un suicide artistique tant les fans l’ont rejeté sans pitié. La tournée fut assez catastrophique, jouée dans de petites salles aux USA et écourtée en Europe au vu de gros soucis relationnels entre Reece, au caractère visiblement difficile, et le reste de la bande. Après un split inévitable, parait ce double album live, enregistré à Osaka en 1985 avec le line-up historique. Udo est à son poste et parfaitement mis en valeur sur la pochette qui laisse deviner toute sa rage et sa hargne. Ce live, testament d’une époque, est un bijou préparé avec classe par le batteur Stefan Kaufmann, et qui rend compte avec force de la puissance live d’Accept alors au sommet de sa gloire.
Il présente 17 titres plus un solo de guitare tous tirés de l’âge d’or du groupe entre "Breaker" et "Metal Heart". Le son est puissant et met en valeur des musiciens au sommet de leur art: Udo y excelle de sa voix aiguë, inimitable et colérique, Fischer et Hoffmann nous sortent des prestations remarquables et complémentaires sur chaque riff et soli, et Kaufmann abat un travail de bûcheron, donnant au tout une puissance supplémentaire. Si l'on ajoute à cela un public faisant ressortir l’ambiance énorme qui régnait à Osaka, "Staying A Life" s’avère être un live indispensable pour tout fan et amateur de heavy métal qui se respecte.
Il n’y a rien à jeter sur ce pavé avec une première partie composée de huit titres passant à une vitesse folle. "Breaker" est une bombe taillée pour le live et ravage tout sur son passage avec son refrain et ses soli énormes. "Burning", formidable titre bien heavy avec un ton hard rock irrésistible et un chant rageur, est allongée sur plus de 7 minutes avec des passages de guitare en fusion. Il y a aussi les hymnes absolus, "Metal Heart", "Princess Of The Dawn" et "Neon Nights" qui nous scotchent au mur. Les soli de "Metal Heart" restent des modèles du genre, d’une classe et d’un feeling à tomber par terre, tout comme "Princess Of The Dawn" avec son air épique, son refrain irrésistible et un break qui donne le frisson tant les guitaristes y font preuve de maîtrise. Le passage avec le public qui chante est un moment de grâce heavy métallique. Enfin "Neon Nights" est une merveille de finesse et de classe, encore très épique et fait pour la scène avec ce refrain magnifique et ces passages à la guitare encore énormes. Avec l’enchaînement "Screaming For A Love Bite", "Up To The Limit" et "Living For Tonite", Accept nous propose d’autres excellents moments avec ces titres plus simples et de grande qualité. Le côté très mélodique du premier fait des ravages, tandis l’aspect fédérateur et heavy du second fait l’unanimité, et que l’aspect heavy et le refrain du dernier finissent d’achever l’auditeur.
La seconde partie n’est pas en reste avec peut être moins d’hymnes mais avec une succession de titres heavy imparables avant une fin dantesque. On reste bouche bée devant tant de bons titres, du très bon et épique "Head Over Heels" aux rageurs "Restless And Wild" et "Son Of A Bitch", en passant par les plus mélodiques "Love Child" et "London Leatherboys", nous n'avons pas le temps de souffler. Et ça frappe encore plus fort avec le très heavy "Flash Rockin’ Man" et son riff imparable, véritable légende du genre, et le plus lent et typé hard rock "Dogs On Leads". Tout cela nous amène à une fin infernale avec le monstrueux "Fast As A Shark" encore plus dantesque en live, avec son rythme hyper speed, sa batterie sans pitié et son excellent refrain, le tout explosant comme un hymne absolu. Enfin, tout se finit avec un "Balls To The Wall" de plus de 10 minutes, absolument gigantesque et encore plus imparable que sur album avec son introduction monstrueuse. Le titre monte doucement en puissance et s’avère être un hymne heavy au refrain fabuleux avec dans son final une longue partie sur laquelle le public se fait très bien entendre dans une belle communion avec Udo, Fischer et Kaufmann.
Ce double live est donc indispensable et s’avère être un des tout meilleurs du heavy métal aux côtés du "Live After Death" d’Iron Maiden et du "Unleashed In The East" de Judas Priest. Il sonne comme une parfaite conclusion pour la première partie de carrière du groupe, en étant une bien meilleure fin que ne pouvait l’être " Eat The Heat".