"Objection Overruled" voit le jour début 1993 et marque le grand retour du groupe dans sa légendaire formation de l’âge d’or des années 80. En effet Udo Dirkschneider a laissé de côté sa carrière solo après 4 bons albums et a rejoint ses anciens coéquipiers, Hoffmann qui sera seul guitariste, Baltes le fidèle bassiste et le bucheron de batteur Kaufmann. On doit cette reformation à l’énorme succès du double live "Staying A Life" sorti en 1990. En effet, le carton de cet album a convaincu les musiciens de rappeler Udo pour relancer une aventure bien trop brutalement stoppée quelques années auparavant, se rendant compte qu’un public nouveau adhérait à leur musique. " Objection Overruled" retrouve un ton bien heavy et assez martial avec de nouveau cette petite touche hard rock qui faisait le charme de la musique du groupe, ce qui donne un disque assez plaisant, certes pas au niveau de la grande époque, mais avec des titres très efficaces et bien rentre dedans, loin du ton FM de "Eat The Heat". Et même s'il y a un peu de remplissage ici et là, on prend du plaisir à retrouver le combo germanique à un bon niveau. De plus, il est clair que notre quatuor a pris du plaisir à se retrouver et à écrire de la musique ensemble après quelques années de séparation.
Au travers de l’artwork, sombre et agressif, et dans le son très lourd et martial, il semble que le groupe cherche à rattraper son époque et une scène métal qui a bien changé et est devenu largement plus agressive que 10 ans auparavant. Tout commence très fort avec trois titres très réussis avec rythmique endiablée, refrains imparables, riffs et soli de grande qualité et un chant toujours au top de la part d’Udo qui n’a rien perdu de son timbre aigu légendaire. Même si l’aspect martial et lourd est un peu redondant, cela n’a rien de gênant, les titres et mélodies étant de très bonnes qualité. Avec le titre éponyme d’ouverture, formidable de pêche et d’envie avec un refrain énorme et un ton heavy de grande classe puis les deux titres suivants, on n’a pas le temps de s’ennuyer un instant. " I Don’t Wanna Be Like You" est lancinante et hard rock dans l’âme avec un excellent refrain bien germanique, tandis que "Protectors Of Terror" est gonflée aux stéroïdes, d’une lourdeur rare mais qui passe à merveille avec un refrain puissant et des riffs acérés bien heavy.
Après ce très bon début, nous tombons un peu dans la banalité avec un "Slaves To Metal" un peu trop classique, assez lourd et suivant un schéma un peu redondant, ou un "All Or Nothing" vite oublié et juste sauvé par un refrain avec chœurs typiquement germaniques et un bon riff de guitare. "Donation" semble être un inédit d’AC/DC tant par son riff principal que par le chant sympathique mais pas bien transcendant. Heureusement, la suite nous réserve encore de bonnes choses. Rien de forcément génial, mais de bons titres agréables comme "Bulletproof", à l'ambiance assez épique avec un refrain bien martelé et efficace. Il y a aussi la ballade classique, "Amamos La Vida", un poil en deçà des grands titres du genre d’Accept, mais magnifiée par un Udo très à l’aise, chantant doucement et avec conviction. "Sick, Dirty And Mean" se distingue également avec un aspect très heavy et bien lourd, notamment dans le chant, qui à tendance à lasser mais qui ne gène pas grâce à une bonne qualité de composition. Enfin, il y a le final avec "This One’s For You", encore très marqué hard rock classique mais avec un ton bien heavy, sur les soli en particulier, qui fait toute la différence donnant un excellent résultat très entraînant.
"Objection Overruled" est donc un album assez réussi. Il lui manque certes un ou deux grands titres ou hymnes pour convaincre pleinement, mais il présente un heavy métal de qualité avec un ton général assez rentre-dedans, et cela même si certains titres restent assez banals. Accept ne manque pas son retour, et il lui reste à présent à confirmer, ce qui ne sera pas forcément le plus facile, car le groupe a certes réussi à revenir au 1er plan mais la gloire passée est loin à présent et on peut se demander s’il saura renouveler le petit exploit qu’il a accompli après tant d’années de silence une fois l’euphorie du retour passée.