Si la sortie de "Sworn To A Great Divide" était scrutée aussi bien par les fans transis que la presse spécialisée à l’encre acerbe, "The Panic Broadcast", huitième opus des Suédois, n’échappe à cette règle avec la sempiternelle question de connaître la direction musicale empruntée par le combo… Le thrash rageur des débuts de "Steelbath Suicide", le mélodeath entêtant qui a atteint son paroxysme sur "A Natural Born Chaos", voire le mélodeath teinté de metalcore de "Stabbing The Drama" ? Enfin, quel sera l’impact du retour de Peter Wichers parti le temps de "Sworn To A Great Divide", las des critiques suite aux évolutions du groupe ? Sans oublier le phagocytage de Scarve par le géant Soilwork avec l’intronisation de Sylvain Coudret cinq années après l’arrivée de Dirk Verbeuren ? En bref, la hideuse pochette reflète-t-elle un contenu aussi… repoussant que son contenant ?
Autant d’interrogations qui trouvent leurs réponses dès les notes introductives de la monumentale entame "Late For The Kill, Early For The Slaughter", véritable assaut mélodeath en règle, mené par les blast beats ravageurs de Dirk Verbeuren… Malgré tout, "The Panic Broadcast" ne se décline pas sur le mode effréné de ce titre introductif. Tout du long, l’album recèle de titres mid-tempo plus ou moins réussis (dans l’ordre "Night Comes Clean" et "Epitome"), et même du tube clairement affiché qu’est "Let This River Flow"…
Mais c’est bel et bien dans le mélodeath surpuissant que le combo excelle en enchaînant les titres catchy à souhait avec en tête, le monumental "King Of The Threshold" qui, sur scène, risque fort de déchaîner les fosses en mal de sensation… Et alors que "The Panic Broadcast" semble se clôturer sur un instrumental mélodique mid-tempo à la limite du progressif, "Enter Dog Of Pavlov" prend un virage inattendu dans une explosion furieuse, véritable ode au mélodeath made in Soilwork…
En effet, "The Panic Broadcast" ne déroge en rien à la règle que s’est fixé le combo depuis quelques opus : Soilwork fait ce qu’il sait faire de mieux, à savoir: du Soilwork ! Qu’importe les changements de line-up, la signature Soilwork prime sur tout le reste (on ne décèlera la touche moderne de Sylvain Coudret estampillée Scarve que sur les harmoniques à l'arrière plan de "Late For The Kill, Early For The Slaughter") au risque de se voir reprocher un manque d’originalité manifeste, mais le combo peut-il décemment renier une marque de fabrique qui a fait son succès ? C’est donc sans surprise que les Franco-suédois nous balancent leur death teinté de metalcore aux refrains mélodiques entêtants au possible.
Ainsi, si "The Panic Broadcast" est moins immédiat que ses glorieux prédécesseurs, à la tête desquels nous trouvons le révolutionnaire "A Natural Born Chaos", les effets de ce huitième opus se font sentir sur la longueur en s’insinuant insidieusement et progressivement dans le cortex de l’auditeur pour mieux y rester gravé. Faisant fi des médisants, Soilwork continue de tracer son chemin en nous proposant ce qui se fait de mieux en termes de mélodeath : ni plus, ni moins !