Si l'EP "Burning Flesh" datant de 2006, du projet né de la rencontre de Foued Moukid (ex-The Old Dead Tree) et d’Abderrahmane Abdellahoum (ex-Dawn Of Decline) était passé entre les mailles du filet du paquebot Music Waves, la cause en revient uniquement à une première rencontre live datant de 2007 ne titillant en rien la curiosité de votre webzine préféré. Mais dorénavant, fort d’une expérience de trois années, le combo a indéniablement su gagner en maturité au point d’être réclamé par les membres d’Orphaned Land pour les soutenir lors de leur tournée européenne. Ainsi par l’odeur alléchée des monumentaux progrès entrevus sur la scène, nous nous sommes penchés rétrospectivement sur la restitution studio du premier opus du combo français.
C’est ainsi que dès l’introductif "Groans Of The Abyss", Arkan nous invite en plein souk pour écouter le conte qu’il va nous narrer… Un conte clair-obscur avec pour apogée le thème "Hilal" décliné sur les cinq derniers titres, un peu à la manière d’un "Mabool" d’Orphaned Land. Et comme dans ce dernier, Arkan parvient à nous charmer, notamment à la faveur de breaks acoustiques exotiques tantôt menés par le chant clair d’Abderrahmane Abdellahoum, tantôt sublimés par le chant absolument enivrant de Sarah Layssac (The Outburst) à la manière de Shlomit Levi.
En revendiquant dorénavant totalement sa démarche qui s’inscrit dans un métissage assumé du death métal et de musique traditionnelle orientale, "Hilal" pose clairement Arkan comme une alternative à mi-chemin entre Orphaned Land et Nile.
Tout le long de ce premier opus, Arkan joue sur la fibre émotionnelle en alternant passages acoustiques charmeurs, et agressifs mélodiques. Démarche qui atteint son paroxysme entre l’interlude acoustique "Athaoura" et la violence de l’ouverture de "Chaos Cypher" caractérisée par les grunts abyssaux de Florent.
Dans le même esprit, "Lamma Bada", chanson traditionnelle reprise au oud, est un enchantement garanti, à la différence de l’agressif "Tied Fates" à l’efficacité mélodique instantanée, aidée en cela par la production sans faille signée Fredrik Nordström et le mastering de Jacob Jansen (rien que ça !).
Au final, si la démarche d’Arkan est clairement à ranger au côté de celle d’Orphaned Land, comme elle, "Hilal" peut souffrir de quelques longueurs (l’album dure plus d’une heure)… Et c’est bien là le seul reproche que nous pourrions formuler tant le death oriental proposé est des plus enthousiasmants. Mieux, pour certains fans las de voir la démarche d’Orphaned Land s’inscrire dans les voyages aseptisés des deux derniers opus, Arkan peut présenter une alternative plus extrême.
Reste maintenant à savoir quel chemin emprunteront à l’avenir les Français. Vont-ils, à l’instar d’Orphaned Land, poursuivre leur chemin sur les sentiers mélodiques comme pourrait le laisser suggérer la place grandissante sur scène de Sarah Layssac ? Une question à laquelle nous sommes impatients de donner une réponse… En attendant "Hilal" saura nous faire patienter rêveusement de la plus belle des manières.