En 1984, KILLERS remporte un tremplin Rock qui lui offre la possibilité d’enregistrer un 45T. Très rapidement le projet évolue et le groupe décide finalement de se consacrer à la production d’un album complet qui voit le jour en 1985 sous le nom de « Fils De La Haine ».
Ce disque est d’une spontanéité totale. Le groupe semble clairement axé sur l’action directe en laissant déborder un trop plein d’idées qui s’assemblent tant bien que mal. Pourtant, la moitié des titres ici présents est issue d’une démo parue l’année précédente et ils ont été rodés à l’occasion de nombreux concerts. Le style pratiqué est un Speed Metal protéiforme avec des incursions en territoire Hard Rock ou Heavy.
Ce qui frappe en premier lieu c’est le son très rugueux et l’aspect très brut des compositions. On est clairement très éloigné des standards actuels du genre. La distance entre un GAMMA RAY et le KILLERS de cette époque est énorme alors que les deux groupes officient pourtant dans un domaine assez proche. De fait il n’est pas très aisé de se plonger dans ce disque qui peut sembler aujourd’hui bien immature et grossier.
Il n’y a pas beaucoup de place pour les ornements et les fioritures. KILLERS fait sien le slogan de l’OM : « Droit au But » à savoir proposer une musique agressive et jouissive au possible sans s’embarrasser de détours. Les riffs sont assénés à un rythme d’enfer, les tempos très rapides et les sonorités (vocaux et guitares) très rugueuses. Que ce soient la voix de Patrice LE CALVEZ ou bien les guitares de Bruno DOLHEGUY et Didier DEBOFFE, nous évoluons principalement dans des sonorités aigues et assez brutes. Pourtant sous ce déluge d’agressivité (« Chevaliers Du Déshonneur » et « Fils De La Haine ») poussent quelques jolies pièces comme l’excellent « Rosalind » un mid-tempo qui lorgne vers la ballade, dans lequel le groupe se fait un peu plus subtil.
Tout n’est malheureusement pas du même tonneau et certains titres comme l’instrumental « Le Magicien D’Oz » ou bien « Sacrifice » peinent à trouver leur place dans ce premier opus. Et que dire de « Ahachtachta Chtilabeh!!! », un petit délire éthylique, sans intérêt.
Quoiqu’il en soit, ce premier album fut une entrée en matière plus que probante pour le groupe. Et s’il est vrai que l’on peut aujourd’hui éprouver quelques difficultés à passer outre la barrière de la production, le côté frais, spontané et efficace de « Fils De La Haine » est tout de même bien agréable. A cela s’ajoute une très belle et originale pochette, œuvre de Xavier Lorente-Darracq, qui était alors Animateur dans la radio organisatrice du tremplin précité. Ce disque a été réédité en CD en 2004 par le label Brennus.