6 ans après le succès planétaire de Brothers In Arms (30 millions d’exemplaires !), Mark Knopfler décide enfin de remettre sur la route l’entreprise Dire Straits. Du quatuor des débuts, qui avait surpris le monde du rock avec le très marquant Sultans Of Swing, ne subsistent que le guitariste Mark et le bassiste John Illsley. Le batteur Terry Williams a quitté le navire après la tournée Brothers In Arms. Pour cet ultime opus nommé On Every Street, Dire Straits invite des guest stars de luxe : rien de moins que Jeff Porcaro (Toto) et Manu Katché à la batterie, ainsi que George Martin (“le cinquième Beatles”) comme chef d’orchestre.
Partie d’un rock simple, fluide et élégant, les compositions de Mark ont évolué avec le temps, se teintant de rock FM (Communiqué) ou de larges touches atmosphériques (Brothers In Arms). On Every Street est un album un peu atypique dans la carrière de Dire Straits, moins centré et plus éclectique, puisque Mark et ses compères parcourent ici de nombreux styles, entre pop-rock sophistiquée (Calling Elvis), rockabilly (The Bug), blues (Fade To Black), ambiances plus claviers soft (You And Your Friend, qui rappelle le Why Worry ? de l'album précédent), sans oublier le côté folk cher à Mark (cf ses productions ultérieures), un style plus largement présent ici (When It Comes To You, How Long).
Comme d’habitude, la production impeccable met en valeur la rythmique précise, et fait ressortir le feeling très particulier de la guitare de Mark Knopfler. Mais l’ensemble ne donne pas la même impression d’unité que les albums précédents, et les titres sont moins forts. Restent quand même en mémoire l’efficacité de Heavy Fuel (le gros rock qui fait du bien), l’élégance de Calling Elvis où l’auditeur attend en vain le solo qui décolle, et la délicatesse de Planet Of New Orleans, jolie ballade pleine d’atmosphère continue mais pas statique.
En embrassant une grande variété de styles, ce On Every Street laisse une impression mitigée, un peu en demi-teinte, faute de propos réellement cohérent et de titres phares. Clairement, l’ultime album de Dire Straits marque moins les esprits que leur premier, mais reste un ouvrage que l’on suit avec une nostalgie attendrie mais parcourue de petits regrets.