La reformation d’Accept était plutôt réussie. L’album n’était certes pas au niveau de son âge d’or du milieu des années 80, mais il avait ses qualités et de bons morceaux. Il avait surtout permis à Accept de faire une tournée réussie malgré un relatif succès commercial, les fans étant surtout heureux de retrouver les classiques sur scène. Mais le groupe n’a plus l’aura d’antan dans une scène métallique qui a vu l’avènement du death-metal, du thrash ou du power métal. De fait, sa musique ne parait plus aussi puissante et agressive, et finalement ses nouveaux titres intéressent peu de monde, au-delà d’un cercle de fans. "Objection Overruled" laissait entrevoir un groupe qui cherchait à prendre le train en marche à tout prix et l’arrivée rapide de "Death Row" fait craindre qu’Accept ne l’aie rapidement réalisé pour capitaliser sur le petit succès de son album précédent et capter un nouveau public.
Ces craintes s’avèrent largement fondées car il s'agit de loin du pire disque d’Accept Le groupe a mis de côté les mélodies fortes et a oublié ses riffs heavy mélodiques et soli inspirés au profit d’un métal se voulant moderne mais qui est d’une lourdeur rare, sans finesse ni génie ou inspiration. De plus, ce disque est bourré de 15 titres pour plus de 70 minutes de musique, mêlant la lourdeur à une longueur excessive. A l'exception d’un ou deux titres, sauvés par la médiocrité du reste, il n’y a en effet rien à retenir de ce cauchemar. En voulant se moderniser à tout prix, Accept dénature complètement sa musique à coups de riffs gras et lourds, d’un chant horriblement bourrin et sans finesse, Udo hurlant plus qu’il ne chante la plupart du temps, perdant ce subtil équilibre entre rage et mélodie qui faisait sa classe. De même, Wolf Hoffmann est méconnaissable à la guitare, car on ne retrouve jamais le guitariste fin et mélodique, expert du riff heavy métal, qui s’est perdu au profit d’un banal guitariste de métal moderne à la Pantera ou à la Biohazard, mais sans la même classe.
Parvenir à écouter le disque d’une traite est un réel exploit tant il s’enlise dans la médiocrité au fur et à mesure de sa très longue durée. Dans ce marasme, ne ressortent que quelques titres avec des passages écoutables et deux instrumentaux, "Drifting Apart" et "Pomp And Circumstance", qui rappellent un peu que Hoffmann sait encore jouer du heavy-métal mélodique un poil inspiré, mais qui sont pénalisés par leur place sur le disque. En effet, arriver à tout écouter jusque là est une épreuve. Avec "Stone Evil" et "Bad Habits Die Hard", nous tenons les deux meilleurs titres de cette galette, les seuls à trouver un aspect mélodique et prenant. Le premier a une ambiance sombre avec de bons riffs et monte doucement en puissance avec un chant efficace et puissant. Le second est dans l’esprit d’AC/DC avec un ton hard rock sympathique et frais qui fait du bien dans cet océan de riffs modernes cacophoniques.
Ensuite, la sélection est rapide: de "Dead On" à "Like A Loaded Gun", en passant par "Prejudice", "Bad Religion", "Sodom & Gomorra", "The Beast Inside" ou la mauvaise reprise du "Generation Clash" de "Eat The Heat", bien meilleur en version hard FM, il n’y a rien à sauver. Tout juste conserverons-nous le titre éponyme, très lourd lui aussi, mais étant le seul à être un peu soigné, avec un riff principal entêtant, un bon refrain mais handicapé par des vocaux typé hardcore qui accompagnent Udo d’une manière assez ridicule. Enfin, la ballade acoustique "Writing On The Wall" sort un peu du lot grâce à sa finesse et son chant enfin retrouvé et cela même si elle est quand même loin d’un "Princess Of The Dawn" ou d’un "Seawinds".
"Death Row" est donc une catastrophe indigne d’Accept que nous ne savons à qui conseiller. Le fan de métal moderne trouvera la démarche du groupe et les titres qu’il propose plats et assez ridicules, tandis que le fan de heavy classique se demandera où est passée la légende du heavy métal allemand avec ses riffs mélodiques et tranchants. Cette reformation plutôt bien partie, prend ici des allures de chemin de croix. Nous en sommes déjà à espérer que le groupe se reprendra, ou bien qu’il jettera rapidement l’éponge pour ne pas plus tacher sa grande et belle histoire.