Depuis son retour aux affaires Accept a enchainé les difficultés pour se refaire un nom dans une scène métallique qui ne pardonne guère les absences et qui en ce milieu des années 90 n’est pas tendre avec les légendes du heavy métal des années 80 (Iron Maiden, Judas Priest, …). Et comme si cela ne suffisait pas, le groupe a largement touché le fond artistiquement avec un « Death Row » lamentable, indigne de son talent avec un ton moderne cacophonique du pire gout et des compositions ratées.
De fait l’annonce en 1996 de l’arrivée d’un 11ème album studio, Predator, a de quoi laisser dubitatif. On ne voit pas comment Accept pourrait redresser la barre et le départ du batteur Stefan Kaufmann, en raisons de soucis de dos et remplacé par Michael Cartellone ajoute à l’impression terrible d’une fin annoncée pour ce retour aux allures de calvaire.
Pourtant Predator n’est finalement pas la catastrophe redoutée. Il est déjà plus court que Death Row, moins de 50 minutes pour 12 titres et le duo Hoffmann/Baltes semble enfin avoir compris que le ton ultra moderne ne leur convenait pas. Le guitariste et le bassiste se sont remis à composer - mais en partie seulement - des passages plus mélodiques où les guitares retrouvent un son plus classique.
Vous l’aurez compris, ce n’est malheureusement pas le cas sur tout l’album dont une bonne moitié est restée ancrée dans un métal power dissonant et peu passionnant. De plus Baltes s’est remis à chanter, chose qu’il n’avait plus faite depuis Breaker en 1981 et il est important de souligner que notre homme n’a guère progressé. Il avait une voix intéressante pour chanter des titres lents mais sur du heavy il n’est pas au niveau et plombe pas mal les deux chansons sur lesquelles il intervient. En outre UDO semble peu concerné par ce disque et ses performances vocales, hormis sur les bons titres du disque où il se donne à fond, sont assez faibles, notre homme braillant le plus souvent.
Il en résulte donc un album assez médiocre, certes meilleur qu’un Death Row mais sans flamme ni génie, juste cruellement banal. Pourtant tout commençait très bien avec deux excellents titres sonnant à l’ancienne. Il y a d’abord « Hard Attack », excellent titre de heavy métal à la sauce hard rock typé AC/DC, qui est à la fois mélodique et puissant avec un chant efficace puis « Crossroads », plus classique avec de très bonnes ambiances, légèrement orientale sur le début et flamenco sur la fin à la guitare acoustique. Ce dernier est de plus rehaussé par un chant partagé entre Baltes et Udo qui se complètement très bien.
Et puis c’est la longue descente dans les abimes. Avant les deux titres chantés par Baltes seuls, on trouve déjà deux gros ratages avec un « Making Me Scream » loupé, trop moderne avec un riff principal assez insupportable malgré des idées intéressantes sur les soli et avec un « Diggin’ In The Dirt » lourdaud, sans mélodie et au refrain assez atroce.
« Lay It Down », trop moderne, et « It Ain’t Over Yet », complètement démodée, toutes deux chantées par Baltes, ne décollent pas un instant et sont suivies de titres qui vont de passable (« Crucified », « Run Through The Night ») à franchement mauvaise (« Predator »)
« Predator », sans être un véritable massacre comme « Death Row » reste donc un disque moyen, sauvé par ses deux très bons titres et quelques titres corrects. Il montre clairement un Accept à bout de souffle qui fait presque pitié. Voir une telle légende ainsi au bout du rouleau et à court d’idées la plupart du temps est un véritable crève-cœur. Heureusement pour eux et leurs fans, Accept va rapidement mettre un terme aux frais. Udo va reprendre sa carrière solo et y fera bien meilleure figure tandis que le reste du groupe fera paraitre un dernier disque live avant de rentrer en hibernation pendant pratiquement 10 ans.