Après le succès (d'estime, comme toujours) de Into The Everflow, Psychotic Waltz est au faîte de son éphémère apogée. Difficile en effet de surpasser avec leurs moyens un tel album ; pourquoi, alors, ne pas changer brusquement d'orientation ? C'est la réflexion, et la démarche entreprises par Buddy Lackey et ses camarades après deux disques de forçats. Qu'on se le dise, Mosquito sera plus court, plus simple, plus accrocheur ! Malheureusement, ce troisième opus des Californiens sera un échec commercial (rappelons que le public n'a, en 94, plus d'yeux que pour Pantera) mais aussi, pour la première fois, critique, le groupe perdant dans le processus une partie du noyau dur de ses fans, qui crient à la trahison. Vendus !
Et pourtant, à y écouter de plus près, on réalise que nos cinq lascars n'ont fait que dissimuler subtilement le cœur sauvage de leur musique, sous un enrobage "catchy" et mélodique – d'une efficacité au demeurant difficilement contestable. Les guitares sont en retrait, oui ; mais tendez l'oreille lors du fade out de "All The Voices", derrière les voix en question... Les parties techniques voire acrobatiques du combo n'ont pas disparu, elles sont simplement employées avec davantage de "stratégie". Il est indéniable que les compositions abandonnent leur caractère progressif sur cet album, mais en revanche, quelle inventivité... En outre, les amateurs de bizarreries estampillées PW peuvent respirer, "Mind Song" et ses tiroirs psychédélco-reggae sont là pour les rassasier – c'est d'ailleurs un des morceaux de PW les plus en avance sur son époque, et qui s'écoute encore aujourd'hui sans paraître excessivement daté.
Impossible, au passage, de ne pas revenir sur la question qui fâche : que penser de la production ? Enregistré à Los Angeles mais produit par Scott Burns, l'album hérite d'un son heavy, massif, qui tranche avec les nuances éthérées que l'on prêtait jusque là à Psychotic Waltz, et qui contribua à fâcher encore un peu plus une frange de son public. Il est difficile de trancher, d'autant que cela ne fait que souligner le schisme établi par les morceaux eux-mêmes. Un son plus "vintage" aurait-il calmé les ardeurs de la foule ? Il est légitime d'en douter... Reste que cette production moderne et bien dans son époque aurait peut-être pu permettre au groupe de décoller un peu sur leur terre natale, si seulement ses membres n'avaient pas trimballé une image de jeunes hippies déglingués. Un succès qui continuera à les fuir par la suite, malgré des efforts sans cesse renouvelés sur le plan artistique.
Comment attribuer une note à cet accident de parcours, qui n'en est pas vraiment un au final ? Voué à demeurer le disque "à part" dans la discographie de Psychotic Waltz, Mosquito n'est ni un chef-d'œuvre ni un ratage total, c'est juste un album risqué, assez maladroit par moments et peut-être un peu prématuré à ce stade de leur carrière. A savourer quoi qu'il en soit !