"342" ? Le nombre de jours qu’il a fallu pour composer le successeur de "2 Unlimited" ? Non plus subtil… En effet, derrière ces trois chiffres, il faut comprendre l’intronisation d’un nouveau membre dans la famille Pin-Up Went Down à savoir Nicolas Damien pianiste de son état et accessoirement grand frère d’Alexis Damien, tête pensante du combo… Une telle entrée en matière promet un album loin des sentiers battus. Promesse que n’aura de cesse de confirmer Pin-Up Went Down tout du long de ce "342".
Le combo le plus barré de l’Hexagone revient aux affaires et ne comptez pas sur le désormais trio pour s’être assagi pendant cette période de deux ans. N'espérez pas non plus que les Français nous pondent un opus moins décousu, moins barré que son prédécesseur. Non ! La marque de fabrique de Pin-Up Went Down est sa folie douce, et cette dernière est rarement signe de linéarité…
Ainsi, si "Diaposite" ouvre dans la lignée des titres de "2 Unlimited", à savoir une savante et obsédante alternance d’ambiances atmosphériques, voire rétro, et d’accélérations (souvent métalliques) furieuses, le reste n’est que contre-pied constant… même pour ceux qui ont réussi à ingurgiter le premier opus des Français (c’est dire !).
En effet, en vous épargnant une fastidieuse chronique titre par titre, difficile de pouvoir apprécier à sa juste valeur "342" aux premières écoutes sans être déconcerté. Et comment ne pas l’être quand des chants grégoriens d’ouverture côtoient quelques growls d’Alexis Damien et surtout les délires vocaux d’une Asphodel aux allures de Nina Hagen ("Khabod Of My Aba"). Asphodel qui arrive à tenir en haleine l’auditeur en posant des voix successives de clones d’Alanis Morissette, Shinead O’Connor, Sharleen Spiteri… sur une simple ligne téléphonique occupée ("Escargot"). Et que dire de "Vaginaal Nathraak" à l’intro digne d’un titre de pop japonaise désuète qui mute en une monstrueuse partie de ping-pong vocales entre notre ténor féminine et Andy Schmidt (alias Vurtox de Disilusion)…
Ces énumérations ne sont qu’une partie de l’étonnant et gigantesque iceberg musical, et notamment vocal, dans lequel nous immerge le combo comme les flows d’une Missy Elliot ("Porcelaine Hours"), voire les chants ethniques d’une Shakira ("Essence Of I")… sans compter les omniprésents délires d’une Betty Boop sous acide que l’on aurait passée à la moulinette d’un Mike Patton ou Serj Tankian !
Toutefois, résumer "342" en une démonstration vocale de l’incroyable caméléon polymorphe qu’est Asphodel serait terriblement réducteur et erroné. Sa prestation hors norme et ses incursions vocales dans des lieux rarement, voire jamais, rencontrés dans un seul et même opus (voire titre) sont rendus possibles par la folie créatrice d’Alexis Damien, sans oublier l’apport de son frère Nicolas qui se ressent notamment sur des titres plus introspectifs comme "Home" avec son poignant duo piano/chant, ou "Pictures To Speak To" à la manière d’un Pain Of Salvation.
Au final, si les compos ne se restreignent plus seulement à un électro-métal schizophrénique (pour simplifier ce qui est impossible à simplifier), les onze titres composant "342" explosent les frontières du métal et ouvrent la porte aux horizons des possibles à la palette vocale qui semble sans limite d’Asphodel… En bref, avec un opus moins métal que son prédécesseur, Pin-Up Went Down nous propose un nouveau patchwork barré de musiques diamétralement opposées qui ne s’offrira qu’aux auditeurs assez ouverts d’esprit pour savoir accorder toute l’attention que mérite ce "342".