Après un EP éponyme autoproduit encensé par une presse unanime (Music Waves compris), il n’est pas surprenant de revoir le combo parisien - dorénavant signé sous Season of Mist - nous proposer un premier album… Dans ces conditions, pourquoi changer une équipe qui gagne ? Vous ne serez donc pas surpris de lire que « Beyond the Legend » navigue dans les eaux troubles d’un post-hardcore mélodico-atmosphérique dans la droite lignée de son petit frère « Memories of a Dead Man »…
C’est ainsi que « Single Thought and Emptiness Wishes » ouvre de la plus belle des manières ce premier long effort avec son riff lourd et entraînant sur lequel se pose indélicatement les hurlements oscillant entre rage et plainte de Pierre et qui alternent avec des parties mélodiques portées par des refrains clairs mélancoliques du batteur/chanteur Julien.
Si les canons du style sont représentés au travers d’une ambiance globalement lourde et oppressante, Memories of a Dead Man évite de tomber dans le piège du style qui consiste à nous servir jusqu’à plus soif un même plan pendant d’interminables longues minutes. Aidé par un magnifique visuel et une production léchée, Memories of a Dead Man a mis tous les atouts de son côté pour véhiculer les innombrables émotions tantôt rageuses, tantôt mélancoliques que véhicule « Beyond the Legend », traitant des interrogations sur la psychologie humaine et ce avant le dernier voyage.
Ainsi inclus dans son écrin classieux, « Beyond the Legend » réussira à nous captiver au détour de riffs enivrants (« U Turn »), d’intros percutantes (« Voices »), de breaks fort judicieux qui aèrent une atmosphère pesante (« The Warmth ») ou bien encore de compos obsédantes typiquement post-rock qui feront passer l’auditeur par toutes les émotions imaginables (« Draw My Faith »)… En clair, tous les ingrédients sont réunis pour nous concocter un plat de résistance trois étoiles.
Et est-ce la présence d’invités spéciaux et notamment Nico de The Arrs, toujours est-il que le titre « Acted Out » s’inscrit dans une démarche plus directe à la manière des combos metalcore. Cette tendance confirmée sur le titre suivant « Watchord » permet de muscler le jeu de Memories of a Dead Man au moment où la flamme pouvait éventuellement commencer à vaciller.
Car si il y a un seul bémol à formuler concernant ce « Beyond the Legend » c’est bien sa longueur : problème de riches me direz-vous mais vous conviendrez qu’il est difficile de tenir en haleine l’auditeur pendant près de cinquante-huit minutes. Mission en grande partie remplie par Memories of a Dead Man qui réussit à entretenir une flamme vacillante notamment en fin de parcours même si l’ouverture du final « Elusive Temptation » pouvant évoquer Mastodon en fera frémir plus d’un.
Si à aucun moment Memories of a Dead Man ne propose de révolutionner le genre, « Beyond the Legend » s’avère un album de post-hardcore extrêmement bien réalisé et confirme définitivement que Memories of a Dead Man est une sérieuse alternative aux références du genre telles que Cult of Luna, Neurosis ou encore Isis…