Fin des années 90, rien ne va plus pour Doro. Ses deux derniers albums, Machine II Machine (1995) et Love Me In Black, qui l'ont vu tenter l’alliage entre heavy et métal indus, déçoivent une bonne partie de ses fans. De plus, mécontente de la promotion assurée par WEA, elle décide à nouveau de changer de label. C’est vers SPV qu’elle se tourne. L’image plus métallique de l’écurie allemande est-il alors un indice révélateur quant à un retour aux source pour la belle ? En partie, oui.
S’il conserve encore certains oripeaux de ses (més)aventures récentes, notamment une certaine lourdeur martiale, vestige qui peut s’expliquer par la nouvelle participation de Jürgen Engler et Chris Lietz de Die Krupps, Calling The Wild, son septième effort en solitaire, la montre se souvenir qu’elle fut une des premières Metal Queen et probablement la meilleure d’entre elles. Le fait qu’elle ait fait appel, outre ses musiciens habituels, à des mercenaires de la trempe de Eric Singer (Kiss), Al Pitrelli, Bob Kulick ainsi que les légendes vivantes Lemmy et Slash, que l'on ne présente plus, est une manière pour elle de récupérer en même temps qu’une forme d’héritage sa place au sein de sa famille de cœur. Il est une déclaration, ce que son nom peut suggérer.
Reposant sur un canevas familier, alternance de titres heavy et de ballades, Calling The Wild, en ne conservant de ses deux prédécesseurs, que les atours les plus heavy, réussit le mariage puissant entre fuselage massif ("Dedication", presque Thrash, la reprise de Billy Idol, "White Wedding" …), hymnes instantanés ("Kiss Me Like A Cobra", "Burn It Up", "Ich Will Alles" et "Now Or Never", propulsé par le jeu nerveux de l’ex Guns’n’ Roses), qui manquaient tellement à Machine II Machine et Love Me In Black, et respirations touchantes que la chanteuse transcende par sa voix si particulière ("Scarred", "Give Me A Reason", "Danke" et bien sûr "Love Me Forever", duo devenu célèbre avec le leader de Motörhead). Comme toujours, l’Allemande donne tout ce qu’elle a, artiste sincère et passionnée qui mérite un éternel respect.
Les quelques pistes un plus anecdotiques qui le parsèment, n’empêchent pas cet album se s’imposer non seulement comme le plus dur que Doro ait jamais livré mais aussi, et surtout, comme son meilleur travail depuis Angels Never Die voire même depuis son opus éponyme. C'est dire. Il met donc fin à plusieurs années d'égarement. Doro, on t’aime !