Rodrigo San Martin est un jeune (22 ans à ce jour) multi-instrumentiste argentin, impliqué comme guitariste dans plusieurs projets "locaux" dont l'aura n'aura pas à ce jour franchi l'Atlantique pour parvenir à nos oreilles. Et c'est en solitaire que notre talentueux musicien s'avance avec son premier album en nom propre, sobrement intitulé … 1.
Pour cette première réalisation en solo, Rodrigo San Martin s'est chargé de tout … et le moins que l'on puisse dire, c'est que son talent est plus que certain, tant dans l'interprétation instrumentale qu'au niveau du chant. Son timbre de voix limité androgyne n'y est sûrement pas étranger ; encore faut-il pouvoir maîtriser correctement ce don de la nature, ce qui est le cas ici, notamment dans les parties les plus acoustiques de l'album, et plus particulièrement le thème récurrent qui revient tout du long des différentes phases de 1, le plus souvent sobrement accompagné de quelques notes de guitare et de claviers discrets.
Et incontestablement, et n'en déplaise peut-être à l'interprète talentueux, c'est dans ce registre que Rodrigo San Martin excelle, tant la sensibilité de sa voix et son toucher guitaristique se retrouvent alors particulièrement mis en valeur. En effet, lorsqu'il change de registre pour asséner quelques distorsions métalliques, le résultat oscille entre calamité sonore (phase 1 ? … vers la 6è minute) et bruitage arrivant comme un cheveu sur la soupe (vers la 26è minute). Heureusement, cela ne dure jamais très longtemps, et notre homme revient très rapidement à un registre plus sobre, qui lui sied finalement beaucoup mieux.
Alternant les ambiances, mais servi donc par un thème récurrent, 1 se présente ainsi comme un concept, décliné en 8 phases qui s'enchaînent ou s'entremêlent les unes aux autres. Les thèmes se succèdent, de même que les alternances entre parties chantées et passages instrumentaux, tour à tour acoustiques ou plus dynamiques.
Alors bien sûr, quelques légers coups de moins bien sont présents, ainsi que quelques faiblesses dans certains arrangements, et plus précisément entre certaines apparitions du thème principal. Néanmoins, le final finit par réconcilier tout le monde, et au bout du compte, les 39 minutes de cet album passent rapidement et incitent à procéder à des écoutes successives, au fil desquelles le plaisir ira en s'accentuant.
Sans réussir une entrée fracassante dans la grande discothèque du progressif, Rodrigo San Martin glisse néanmoins un pied assuré dans la porte entrebâillée qui ne demande qu'à s'ouvrir en grand à son inspiration et à son talent. A suivre très prochainement.
A noter que cet album est en téléchargement totalement libre, y-compris dans une version DVD-audio 5.1 … et que la prochaine production de l'artiste, sur le point d'être finalisée, sera disponible dans les mêmes conditions. Nul doute que nous y reviendrons.