Combien de groupes français de Rock musclé peuvent se targuer d’avoir sorti au moins 11 albums studio ? LITTLE BOB, TRUST et puis... qui ? KILLERS (*) ? Eh oui, malgré leur style assez confidentiel, les basques ont réussi le tour de force de pondre une petite dizaine de disques originaux, ce « Habemus Metal » étant leur onzième album (*), depuis le début des années 80. Et à cette ténacité assez exceptionnelle s’ajoute une intégrité du même acabit. En effet, en termes de musique, la fidélité à leur style de prédilection est quasiment élevée au rang de dogme par la bande à Bruno DOLHEGUY. Les changements, d’un album à l’autre sont assez modestes et s'apparentent plus à une évolution naturelle qu'à une remise en question.
« Habemus Metal » ne faillit pas à la règle et évolue dans un univers musical baigné d’influences Thrash, Speed et Power Metal, chanté majoritairement en français. Nous avons ainsi une sorte de croisement entre DESTRUCTION, OVERKILL et RUNNING WILD avec ce petit plus de rage que charrie la voix rugueuse de DOLHEGUY et une production plus tournée vers la sauvagerie que vers la sophistication. Tout au plus peut-on constater un léger glissement vers des sonorités un peu plus Thrash et un peu plus sombres (notamment au niveau du chant) que par le passé.
Au rayon des points forts on se doit de signaler le duo de guitares qui se montre des plus efficaces, que ce soit en rythmique ou en Lead mais également la maturité des compositions et la qualité des textes (une constante chez KILLERS). Au rayon des petites déceptions, on trouve toujours les mêmes points négatifs, à savoir une batterie affublée d’un son un peu faiblard, une diction qui peine parfois à concilier rage / rapidité et intelligibilité et enfin une production qui manque encore un peu de dynamisme. Pourtant, dans ces trois domaines, le groupe a fait un réel effort et les améliorations sont nettement perceptibles.
De fait, ces petits « défauts », qui semblent récurrents chez KILLERS, ne parviennent pas à occulter le plaisir que procurent des titres de la trempe de l’excellent « Le Côté Sombre » et son passage à la guitare sèche, ou bien de « Madarikatua » avec sa rythmique ébouriffante et ses soli bien tranchants. On peut également citer « Bienvenue En Enfer » qui combine pertinence des textes et efficacité des mélodies et enfin « Mal » et son ambiance sombre et lourde. Le groupe nous entraîne dans une maelstrom de riffs et de mélodies suffisamment variés pour maintenir l'intérêt intact. On navigue ainsi d’un univers proche des BERURIERS NOIR (« Esprit Sain ») à un Heavy très classique (« HM 2002 »), sans pour autant que l’esprit du groupe ne s’en trouve dévoyé. Une très belle réussite. Il est en outre important de signaler la qualité exceptionnelle du livret qui accompagne ce disque (c’est le cas, mais à un niveau moindre de la plupart des rééditions du groupe). Rarement il est donné de voir un livret comprenant autant d’informations, d’illustrations, de photos, présentées avec un tel soin.
Au final ce « Habemus Metal » conforte le statut de KILLERS comme groupe talentueux et méritant mais à qui il manque ce petit plus en terme d’exposition médiatique et de qualité de production qui lui permettrait de recevoir une reconnaissance à la hauteur de ses aptitudes.
(*) on se permettra même de faire l’impasse sur « Killing Games » et « Mise Aux Poings 2001 » qui ne sont « que » des versions différentes d’albums originaux.