Il est loin le temps où Avenged Sevenfold n'était qu'un jeune groupe américain de metalcore, au look vaguement néo. Avec son album éponyme, le groupe a montré une volonté de se tourner vers un son beaucoup plus heavy et mélodique avec la réussite que l'on connait. Alors même que le groupe semblait intouchable, The Rev, batteur et compositeur de la formation, est retrouvé mort. Ce qui aurait pu être un frein au groupe leur donnera encore plus de motivation, et, après quelques mois de flottements, Mike Portnoy (Dream Theater) est recruté pour enregistrer les parties de batterie. Même si cette décision provoquera plus d'un haussement de sourcil, il est clair à l'écoute du disque que Portnoy a parfaitement trouvé sa place dans le nouveau son du groupe.
Nouveau son pourquoi ? Tout simplement car Avenged Sevenfold continue sur sa lancée, à savoir s'éloigner du metalcore des débuts pour tendre vers un heavy métal moderne, à la limite du mainstream. Si l'album débute avec un "Nightmare" plein de punch, les titres suivants, et notamment la dernière partie du disque, montrent une facette plus délicate, moins directe. Les guitares se sont un peu calmées, et leur son est plus chaud - limite bluesy - lors d'intervention toujours aussi mélodiques et fortes. Les lignes de chant sont absolument excellentes, M. Shadow prouvant qu'il a bien d'autres atouts que sa capacité à hurler dans un micro. Pratiquement tous les passages chantés donnent l'impression d'avoir été travaillés pour être les plus mélodiques possible. La batterie de Mike Portnoy apporte une énergie supplémentaire, à grand renfort de plans dont il a le secret (et qui, de fait, pourront paraître éculés pour les habitués du bonhomme, mais apportent une réelle fraîcheur dans le cadre du groupe).
Afin d'emporter définitivement l'adhésion, "Nightmare" présente un nouveau joyau: le final "Save Me" et ses dix minutes de variations, entre refrains évidents, couplets véloces, et breaks rageurs. Le morceau est régulièrement ponctué d'interventions à la guitare et s'achève dans un déluge d'émotion.
Le succès de Avenged Sevenfold est double: non seulement il propose avec "Nightmare" ce qui sera clairement l'une des réussites artistiques de l'année, mais en plus il parvient à donner sans complexe et sans se parodier une suite à l'album blanc. Rien que ce dernier point à de quoi extirper le groupe de la masse pour faire partie des très grands du métal.