Par la barbe du Chinois, qu'a-t-il bien pu se passer dans la tête de notre nouvel ami Teemu Kurki au moment de se trouver un prête-nom pour publier sa musique ? Car vous l'aurez deviné, avec un tel patronyme, notre multi-instrumentiste/chanteur qui s'est occupé d'absolument tout sur ce Shades Of Tomorrow nous vient du Nord, et plus précisément de Finlande.
Passons donc rapidement sur ces présentations et place maintenant à l'écoute de cette première production, composée de quatre longues plages essentiellement instrumentales, et sur lesquelles Teemu Kurki chante (un peu), joue de tous les instruments avec brio et, une fois n'est pas coutume, réussit la performance de nous faire oublier que la batterie n'est que programmation. Il est vrai que l'essentiel de la rythmique étant assuré par le duo guitare/basse, cet avatar ne s'avère pas du tout handicapant, mais il semblait toutefois important de souligner la performance.
Tout au long des 50 minutes de l'album, nous avons donc affaire à du progressif pur jus. A l'instar des Américains d'Ephemeral Sun, le propos se ballade entre progressif et passages métalliques, ces derniers s'avérant toutefois suffisamment concis pour ne pas faire fuir l'auditeur peu habitué aux guitares trop acérées. Et, de même que ses cousins d'outre-atlantique, notre artiste développe son propos sur de longues plages, sans toutefois faire preuve d'autant d'inspiration.
En effet, les thèmes sont répétés au sein d'un même morceau jusqu'à plus soif, en y ajoutant certes quelques variantes mais sans ces changements de tonalité ou breaks rythmiques qui caractérisent si bien les instrumentaux progressifs quand ils sont inspirés.
Ainsi, In The Wake Of The Crescent Moon, réussit à cumuler les qualificatifs de la plage la plus intéressante, la plus longue, et peut-être la plus ennuyeuse de l'album : bien que fourni en thèmes et variations, ce titre finit par se perdre en longueur, pour ne pas dire en langueur monotone, tant la répétition des différents items par paquet de 4 ou 8, comme au bon vieux temps du rock'n'roll, engendre lassitude et envie de passer à autre chose. Et ce n'est pas l'enchaînement sur la même tonalité de la deuxième partie de Shades Of Tomorrow qui viendra perturber cet agencement, qui finalement nuit grandement à l'appréciation d'une galette pourtant pétrie de qualité.
Alors malgré tout, force est de reconnaître la qualité indéniable du travail de Teemu Kurki sur ce premier album. Il lui reste maintenant à resserrer son propos et à l'enrichir de quelques variantes pour que l'intérêt qui a germé en nous à l'écoute de ce premier effort se voit décuplé lors de sa prochaine production.