Enfin, elle a compris ! Oui, enfin Doro a compris que si ses errements indus de la seconde moitié des années 90 ont parfois pu aboutir sur quelques (rares) réussites, notamment sur Machine II Machine, ce n’est tout simplement pas cette direction artistique qui lui sied le mieux, et qui plait encore moins à ses amoureux. En 2000, Calling The Wild lui permet de renouer avec son public en marquant un net retour sur des fondamentaux qu‘elle n‘aurait sans doute jamais dû abandonner. Et comme on ne change pas une recette qui gagne, Fight, lui succède en creusant un même sillon.
Indice qui ne trompe pas, son visuel renvoie clairement à l’époque bénie de Triumph And Agony (Warlock) ou de Force Majeure. Par ailleurs, la chanteuse reste fidèle à l’alternance éprouvée mais efficace entre hymnes électriques et ballades néanmoins puissantes, tandis qu’un titre dans sa langue maternel vient comme toujours se glisser au milieu de ce menu classique.
Ceci étant dit, à l’instar de son prédécesseur, on ne saurait résumer ce huitième album solo à un simple retour en arrière. La Doro version années 2000 n’est ni nostalgique ni prête à entrer dans une maison de retraite. Au contraire, jamais, son heavy metal n’a arboré une armure aussi lourde. Il suffit d’écouter le dark et doomy "Descent", fruit de ses ébats avec l’organe du défunt Peter Steele (Type O Negative) pour mesurer le chemin parcouru depuis True As Heart ! Il reste donc bien quelque chose des expérimentations passées. Malgré les roucoulades "Undying" ou "Fight By Your Side"qui ne sont pas ce qu‘elle a fait de mieux, la blonde ne s’est pas assagi.
Multipliant les collaborations fructueuses (avec Jean Beauvoir, Russ Ballard, Chris Caffery…), Fight met l’accent sur les mid-tempo superbes (par exemple la reprise du "Legends Never Die", écrit par Gene Simmons pour Wendy O Williams, "Rock Before You Bleed" ou bien encore le pesant et bien nommé "Sister Darkness"). Les tubes ne sont pas absents non plus, comme le prouvent le puissant "Fight", "Always Live To Win", plus tard utilisé par la boxeuse allemande Regina Almich en guise d’ouverture de ses combats, sans oublier "Salvaje".
En dépit d’une fin de parcours plus poussive car pourvue de titres moins forts, Fight confirme donc la bonne santé métallique de Doro qui assoit sa posture à la fois d’icône et de mère de sa famille de cœur. Il faudra patienter ensuite quatre ans pour savourer son successeur, Warrior Soul, délai franchement inhabituel pour cette stakhanoviste...