Cosmic Singularity est un groupe américain récent, se présentant telle une Supernova déboulant sur la scène progressive. Souhaitons leur seulement de ne pas imploser et terminer en trou noir ! Trêve de plaisanterie, parlons plutôt de leur premier album au titre évocateur (pourquoi se creuser la tête) qui nous propose une collection de titres bien charpentés, agencés autour de la suite Lookin Upwards, Looking Downwards et de l'autre titre épique, Pandora's Countdown.
La musique de First Steps évoque immédiatement le pays d'origine du groupe : le son est typique des productions américaines actuelles, avec notamment une guitare incisive, aux sonorités toujours en limite de saturation, rappelant par moment (Aegli) les saillies d'un Ian Crichton (guitariste émérite de Saga pour les ignorants !). Les claviers seventies sonnent parfois comme du Deep Purple, mais proposent également d'autres sonorités, notamment dans des soli sous forme de duel avec le guitariste (Time Travels), tandis que la batterie est particulièrement mise en valeur par une production somme toute pas toujours exempte de tous reproches.
Un mot tout de suite sur la performance vocale de Steve Mc Andrew, dont le timbre aigu sera tantôt un atout sur certaines plages, tantôt carrément horripilant sur d'autres, à force de "sur jouer" de cette caractéristique, et il est vrai pas forcément toujours bien servi par des mélodies qui confinent parfois au simpliste (dans un premier temps, j'ai failli comparer celle de Time Travels à une comédie musicale, ou encore à un participant à l'Eurovision …).
Passées ces quelques remarques, place aux plats de résistances que sont les deux longs morceaux précédemment cités qui vont faire décoller cet album jusqu'alors un tantinet convenu.
C'est tout d'abord Pandora's Countdown qui va nous apporter un premier grain de folie, avec ses rythmiques syncopées, ses longs passages instrumentaux, se rapprochant quelque part de l'inspiration d'un Beardfish. Une plage dont les auditions répétées vont dévoiler petit à petit toute la richesse.
Enfin, la longue suite (23 minutes), Looking Upwards, Looking Downwards, dont l'enchaînement des cinq parties n'apparaît pas évident au premier abord, va permettre au groupe de sortir encore un peu plus des sentiers battus, avec notamment une part 4 totalement expérimentale, sur laquelle claviers et guitare s'en donnent à cœur joie.
Après un tel déferlement, l'album se clôt avec un titre plutôt Floydien (tendance Momentary Lapse Of Reason), qui ramène symphonie et consonance plus convenue, mais parfaitement à sa place en clôture de cette galette.
Avec cette première production, Cosmic Singularity prend pied de manière affirmée dans le petit monde du progressif, dans un style suffisamment étendu pour ne se fermer aucune porte à l'avenir. D'ailleurs, le Cosmos n'est-il pas leur univers ? Ce First Steps constitue une belle entrée en matière, qui ne demande qu'un peu de maturation pour accéder au niveau des productions mémorables.