Avec "Dethred Sabaoth", Glenn Danzig signe l’album de son grand retour discographique, six longues années après "Circles Of Snakes" et trois après "The Lost Tracks", compilation d’inédits, retraçant une carrière en dent de scie avec des grands disques, les quatre premiers, mais aussi des disques médiocres depuis quelques années déjà. Ainsi donc l’annonce de ce neuvième album laisse un peu méfiant et circonspect, on a du mal à croire que notre homme pourrait redresser la barre musicalement en studio.
Et pourtant ce "Dethred Sabaoth" est une divine surprise. Notre homme, entouré de deux grands noms, Tommy Victor (Prong, Ministry) aux guitares et Johnny Kelly (Type O Negative) à la batterie, s’est trouvé une seconde jeunesse. Danzig surprend son monde en retrouvant le son et le style qui ont fait les succès de ses premiers albums, un peu comme si ce nouvel opus était sorti entre les volumes III et IV. On se plonge ainsi complètement dans le passé avec ce mix de hard rock, de métal, de blues et de doom, avec cette voix toujours si particulière, empruntée à la fois à Elvis Presley et à Jim Morisson, avec un aspect vintage largement mis en avant par la production, comme si Danzig voulait renouer avec son glorieux passé. De plus avec Victor et Kelly, il est royalement entouré. Le premier est inspiré comme rarement avant, sortant d’excellents soli, des bons riffs et breaks. Le second est lui toujours aussi efficace et précis derrière sa batterie.
La première partie débute avec un très heavy "Hammer Of The Gods" qui nous lance idéalement dans le disque. Le ton est donné d’entrée et on balance entre stoner et doom avec efficacité et puissance. Danzig survole déjà le tout de sa voix roque, en particulier sur un refrain imparable. Ensuite, l’enchaînement "Rebel Spirits", "Black Candy" et "On A Wicked Night" est absolument parfait. Le premier est délicieusement sombre et heavy. Le second est un des grands titres du disque avec un aspect heavy et gothique, sur le refrain en particulier, et une musique oscillant entre doom et stoner. Enfin, le troisième est un tube en puissance, le début acoustique accompagnant la voix de Danzig y contribuant beaucoup, l’aspect hard blues étant ensuite particulièrement mis en avant.
Dans la deuxième partie plusieurs titres se détachent, comme "Deth Red Moon" et "Ju Ju Bone" qui permettent à Tommy Victor de faire étalage de son talent entre métal, blues et passages plus improvisés. Nous garderons enfin le très bon "Pyre Of Souls". En deux parties et sur plus de dix minutes, Danzig se montre très inspiré, avec une première partie acoustique, mélodique et sombre, et une deuxième à la fois épique, hard, stoner et blues qui nous emporte loin, portés par la voix caverneuse de Danzig et la guitare en fusion de Victor.
Ce retour est donc une réussite complète, un genre de petit miracle auquel on ne croyait pourtant guère, porté par une grâce sombre et maléfique. Glenn Danzig signe ainsi l’album de son grand retour, de loin son meilleur depuis le IV, voire même "How The Gods Kill" son troisième et meilleur disque. Il reste maintenant à espérer que ce retour en grâce continue sur la durée.