Si The Man-Eating Tree est une jeune formation finlandaise dont "Vine" est le premier effort, ses membres ne sont pas à proprement parler des novices : ainsi Vesa Ranta, qui est à l'origine de la naissance de cette formation, est l'ancien batteur entre 1989 et 2005 de Sentenced, groupe de death metal, Janne Markus est également le guitariste de Poisonblack, groupe de metal gothique, Tuomas Tuominen a œuvré entre autres avec Fall Of The Leafe, Mikko Uusimaa avec Reflexion. Quant à Heidi Määttä, seule présence féminine du groupe, elle a fait courir ses mains sur les claviers d'Embraze jusqu'à sa séparation en 2009.
Un line-up expérimenté donc, et qui a toujours puisé son inspiration aux sources du death metal ou du métal gothique. "Vine" ne déroge pas à la tradition et peut être classé dans la catégorie métal gothique sans difficulté. L'album présente en effet toutes les caractéristiques du genre : alternance de douceur et d'agressivité, compositions teintées de mélancolie, opposition de riffs rageurs et d'arpèges délicats, tout y est, ou presque. Dérogation à la règle, bien que disposant d'une femme dans son personnel, celle-ci n'assure pas les parties vocales qui sont confiées à Tuomas Tuominen.
Celui-ci s'en tire d'ailleurs avec les honneurs. Il emplit l'espace d'un beau chant clair, capable de nuances et sachant délivrer ses émotions, avec un léger vibrato qui, d'agréable lors des premières écoutes, devient parfois lassant sur les titres les plus faibles de l'album.
La plupart des chansons ont été composées par Janne Markus et présentent un cocktail de titres énergiques teintés de mélancolie, ou mélancoliques bourrés d'énergie. Ainsi le titre d'introduction, "Lathing A New Man" commence tout en douceur pour s'envoler avec puissance et légèreté lors de l'entrée des guitares et de la batterie. Le morceau alterne des couplets calmes et des refrains en force, et se conclut sur un beau duo instrumental entre le piano et la guitare. "The White Plateau", plus en puissance, offre cependant de délicates broderies de guitare et quelques motifs perlés aux claviers.
Les meilleurs moments restent "The Longitude Of Sleep", sur lequel la voix de Tuomas Tuominen se casse en de bien belles fêlures, et surtout "Of Birth For Passing", lent et mélancolique à souhait, hanté par la ritournelle du clavier sur laquelle viennent se greffer tour à tour le chant (avec un bel effet d'écho), les guitares pesantes et angoissantes, puis la batterie, montant lentement en puissance jusqu'au solo final de guitare. Pas forcément original, mais diablement efficace. A ne pas écouter dans un état dépressif.
Malheureusement, l'album s'érode sur la longueur. Les procédés qui ont séduit sur les premiers titres finissent par lasser sur les derniers. A partir de "Out Of Wind", tous les morceaux se ressemblent un peu, leur écriture est moins nuancée et manque de mélodie. La reprise de "Nights In White Satin" des Moody Blues ne sort pas l'auditeur de l'apathie qui le gagne. Il s'agit d'une version dopée qui ne trahit, ni ne revisite réellement l'original.
Il est dommage que The Man-Eating Tree n'ait pas réussi à tenir la distance. Après un départ très intéressant, l'album s'étiole dans sa seconde moitié. "Vine" délivre néanmoins un rock simple et agréable, offrant un bon compromis entre des guitares qui sonnent lourd, une rythmique qui frappe fort et des parties atmosphériques plus en douceur. Sans être la révélation de l'année, ce disque s'écoute avec un certain plaisir et se présente sous une très belle illustration (le fameux arbre mangeur d'hommes dont le groupe tire son nom), ce qui ne gâte rien.