Return To Earth est un trio originaire de la côte Est des USA, qui a pour principale particularité de compter dans ses membres l’actuel batteur du groupe Coheed & Cambria (et accessoirement ancien batteur de The Dillinger Escape Plan), Chris Pennie. L’univers musical de ces deux groupes peut d’ailleurs donner une idée assez approchante de la musique pratiquée par Return To Earth . Nous pourrions en effet évoquer un croisement entre Nine Inch Nails, Coheed & Cambria et Meshuggah, soit un Métal très moderne et raisonnablement agressif qui joue la carte de sonorités sombres, industrielles et novatrices.
Mais alors que sur le papier, nous étions en droit d’attendre le meilleur (et le plus déroutant), de cette jeune formation, le résultat s’avère assez décevant. De manière assez paradoxale, leur musique pourtant très portée sur l’expérimentation et la diversité, semble en effet rapidement tourner en rond. Rares sont les occasions où l’on se laisse prendre à contre-pied et où le groupe parvient à nous surprendre. Bien au contraire, la lassitude pointe vite le bout de son nez et on en vient à se demander où Return To Earth souhaite nous emmener ? (Avec en arrière pensée l’idée qu’il n’est pas évident qu’ils le sachent eux même.)
Cette tendance qui vise à mixer des styles aussi variés que le Rock, le Heavy Metal et le Rock Industriel en cherchant systématiquement à corrompre les mélodies au contact d’une brutalité musicale qui flirte avec la démonstration instrumentale, puis en enveloppant le tout dans une enveloppe décalée censée apporter une crédibilité artistique du dernier cri, est des plus risquée. Surtout lorsque l’on n’est pas les premiers à touiller le chaudron et que le public commence à s’accoutumer à un genre qui mise beaucoup sur l’effet surprise.
Dans le cas qui nous préoccupe, si l’on ne peut que saluer les capacités techniques des instrumentistes, on ne peut également que regretter qu’ils nous emmènent dans un brouillard musical manquant singulièrement de cohésion et d’efficacité. Nous avons le sentiment que Return To Earth privilégie l’Art pour l’Art, au détriment du plaisir des auditeurs, et que malheureusement sa quête de l’extase musical se perd dans l’absence de Direction, se délite dans la trop grande quantité de matières et d’idées proposées.
Parfois, le groupe parvient tout de même à réveiller notre intérêt et à faire mouche. C’est le cas avec "Night Of The Exploding Razors" où la dualité entre facilités Pop et vocaux rageurs est très bien maîtrisée. Ou bien avec l'également facile d’accès "The Replicas". Il apparaît dès lors que lorsque le groupe simplifie son propos et se rend plus accessible, ses qualités intrinsèques lui permettent de toucher au but. Parmi ses qualités nous pouvons citer des parties de batteries assez bluffantes et des passages de claviers percutants.
Pour ce qui est du chant, celui-ci procure un sentiment assez ambigu. On peut en effet tout autant apprécier la largeur de la palette vocale utilisée par Scalzo, que trouver sa tendance à murmurer un peu trop systématique. Le bilan étant toutefois globalement positif à ce niveau.
Si Return To Earth semble indéniablement un groupe pétri de qualité, il n’en demeure pas moins qu’à trop vouloir en faire il gâche son talent. Et qu’il gagnerait à mettre en application les maximes suivantes : La simplicité n’est pas l’ennemie du bien et la masturbation intellectuelle est stérile par nature.