Soniq Theater est un "one-man project", œuvre du multi-instrumentiste allemand Alfred Mueller, dont les différents projets sont disponibles auprès de l'artiste sous forme de CD-R à la demande. Unknown Realities est déjà sa dixième production, dans un style instrumental symphonique fortement inspiré par de nombreuses références progressives, allant de l'électronique au métal en passant par les classiques des 70's, mais aussi le néo-progressif. Jusque là, rien de bien extraordinaire … sauf si je vous dis que notre homme fut le claviériste d'un certain Rachel's Birthday, auteur en 1996 d'un album remarquable qui s'inscrit désormais dans l'histoire du néo-progressif, effort hélas resté sans suite.
Place maintenant aux onze compositions instrumentales qui composent Unknown Realities, et à leur musique qui, on s'en doutait, est largement dominée par les claviers.
Longing for Freedom ouvre ainsi les hostilités en nous proposant une mélodie dynamique que n'aurait pas renié le Tangerine Dream période Melrose Place, une vraie batterie en plus. Les deux plages suivantes poursuivent dans la même veine avec, cerise sur le gâteau, quelques belles fulgurances guitaristiques à la façon d'un certain Mike O.. Mention spéciale à Revealing a Dream, sans conteste la meilleure plage de l'album.
Et puis, et puis vient l'insipide Cosmic Angel qui, malgré quelques coups de cloches tubulaires samplées ne décolle pas du sol, prélude à une deuxième moitié d'album débutant avec Pavillon à caser entre musique d'ascenseur et Buddha Bar, en tout cas bien moins passionnante que les trois premières compositions ouïes en guise d'ouverture. La faute tout d'abord à une production que je ne goûte guère, rappelant les bandes sons des premiers jeux video, avec des sonorités similaires d'une plage à l'autre, sur fond de batterie cheap. Et puis surtout, certaines des mélodies de cette deuxième partie gagneraient franchement à être chantées par une voix féminine ! Du moins c'est mon impression. Et il est vraiment regrettable que la qualité des compositions proposées par notre homme se retrouve hachée menue par un rendu sonore guère à la hauteur.
Alors au bout des 52 minutes de cet album, l'impression reste mitigée : nous savons tous que l'art de l'instrumental est difficile, d'autant plus quand il est exercé en solitaire, l'instrument de prédilection (en l'occurrence les claviers) devenant (trop) prédominant. Même le grand Rick Wakeman s'est plus d'une fois brûlé les ailes à ce petit jeu. Si j'avais un (petit) conseil à transmettre à Alfred Mueller, je lui suggèrerais de s'entourer d'un groupe, et d'une chanteuse. Ses compositions s'en trouveraient certainement magnifiées, pour notre plus grand bonheur.