La musique d’Eric Valley est assez surprenante. Cet album, très narratif bien qu’instrumental, très « BO de Film de S-F », fait la part belles aux multiples orchestrations mais une fois n’est pas coutume dans le vaste monde du Prog’, l’associe à un Rock classique plus qu’à un pseudo metal. Du coup, on pense parfois à une sorte de Rondo Veneziano de luxe (« Strange Vision » ou la très Néoclassique « Moments Of Sadness And Fear Part II » exécutée sur un mid tempo bien senti), où riff à peine saturé et batterie gentillette viennent flirter avec des cordes grandiloquentes et lumineuses. Quand cette rythmique s’associe, dans « Moments Of Sadness And Fear », à une horde de trombones graves et résonnants, évoquant parfaitement l’état d’anxiété du voyageur, on pense même aux B.O d’Howard Shore.
La grande force de cette galette, et ça vient du cœur, tient dans la beauté et l’interprétation de certaines mélodies (surtout celles interprétées au piano), comme sur l’opener « Departure Of The Ship », ainsi que dans la volonté de proposer un ensemble cohérent sur 50 minutes d’instrumentations. « Lost In Space » à cet égard un des meilleurs moments de l’album, se veut un titre progressif planant pur jus où l’équilibre piano, claviers et guitare, est savamment pensé.
Inutile d’évoquer sous ce spectre certains titres plus que d’autres, car Space Odyssey s’appréhende plutôt comme une œuvre complète ou chaque plage se découpe en multiples mini-séquences, passant d’ambiances plutôt Rock à d’autres purement orchestrales, de la fragilité d’un piano émouvant à la fougue d’un gros riff de guitare, de la peur à l’espoir (« The Hope » où Eric joue avec le micro de sa guitare sur une nappe de claviers spatiaux), de la découverte grisante de l’inconnu (« Discovery Of A World » débutant tel un vieux Sabbath pour rapidement tourner à la grande symphonie) à la remise en question. L’auteur aime mettre en musique les sentiments et s’en sort plutôt bien. Il est dommage d’ailleurs, dans cette ambiance très liée, que certaines plages se terminent en Fade Out, gâchant l’effet de continuité.
Ce qui pêche également dans cette production, c’est son côté longuet et finalement assez monolithique, malgré l’éventail d’instrumentation utilisé. Cela tient en partie à une production manquant de relief et de moyens (utilisation de sons de synthèse pour certains instruments). Ainsi certains titres à l’instar d’un « Earth Sacked » donnent cette impression de répétition, de tourner un peu en rond pour finalement n’aboutir nulle part, même si certains passages épurés et tragiques (celui de « Landing On Mars » par exemple) restent de toute beauté.
« Sneak Attack », comme son nom l’indique (« attaque furtive » pour les fainéants du dico, merci qui ?) clôt le voyage avec un certain dynamisme, un certain suspens qui laisse à penser qu’une autre étape, peut être bien plus mouvementée, nous attend à la prochaine livraison de l’artiste. Un résultat mitigé faute de moyens, mais plein de promesses.
A ce propos, un tout récent titre de l'artiste vient d'être publié sur son lien personnel. "Secret Lake' Suite" est une oeuvre de 15 minutes, découpée en trois parties et qui montre à quel point l'artiste est en quête d'évolution, proposant une musique toujours plus riche en émotion et en arrangements. A découvrir...