"Atheist Dezekration" ou la consécration de Dunkelnacht. En effet, c'est avec ce premier album que ce groupe hexagonal originaire de la région lilloise compte bien se faire connaître des hordes black métalliques. Avec pour thème de prédilection la dénonciation des trois grandes religions monothéistes, le groupe a déjà bien involontairement créé un buzz autour de certaines de ses paroles parmi une frange du public métal français (à vous de chercher sur la toile). Comme quoi, parfois, il suffit d'une phrase pour ne faire pas grand chose d'un tout petit rien. Il faut dire que le groupe a choisi de chanter en français, alors forcément les paroles du livret nous sont facilement compréhensibles. Car de façon auditive, comme il s'agit ici de black métal au chant très guttural, les paroles sont bien trop largement inaudibles pour qu'on y accorde à l'écoute le moindre intérêt. Dunkelnacht chanterait en russe ou javanais que cela ne changerait pas vraiment grand chose. De ce buzz retiendra-t-on seulement que Dunkelnacht et Exp:/13, chanteur sur cet album, et qui a depuis été remplacé au sein du groupe, ne se sont pas franchement quittés en bon terme.
D'un point de vue musical, Dunkelnacht c'est la pratique d'un black métal classique urgent façon Mayhem ou Marduk première époque, agrémenté d'un côté mélodique ostentatoirement black métal façon Dark Funeral par exemple. Doté d'un son résolument moderne, cet album nous balance un black métal qui, à défaut d'être vraiment original, se révèle dans l'ensemble intéressant par son côté mélodique et ses quelques variations rythmiques finement ciselées. Un titre comme "Oligarchislamisme" se révèle à cet effet particulièrement efficace. Si les paroles du groupe se révèleront peut-être bêtes et méchantes, la musique de Dunkelnacht n'est en revanche pas du black métal primaire. L'absence de batteur aurait pu laisser craindre une rythmique un peu froide et primitive, mais une écoute attentive dévoilera un vrai travail de programmation (limitée quand même) de la part d'Heimdall au niveau de la boite à rythme. En dépit d'une petite impression de linéarité, qui se confirme surtout dans la deuxième partie du disque, Dunkelnacht sait malgré tout nous surprendre. Que cela soit en calmant agréablement et momentanément sa cavalcade au début de "In The Halls Of Tortured Idols", que cela soit par un petit côté heavy métal sur certaines fulgurances guitaristiques ("The Nailed Wings Of Zionism", "Atheist Dezecration") ou que cela soit par l'introduction d'une subite et charmante voix féminine sur "How Build A New Burning Head Messiah", qui donne une autre dimension à cette composition.
"Atheist Dezekration" est un bon album possédant son lot de bonnes petites compositions comme "Oligarchislamisme" ou "The Nailed Wings Of Zionism". N'empêche que cela suinte un peu trop le côté déjà entendu quelque part. Et ce petit désagrément pas nécessairement rédhibitoire aurait pu être estompé par des compositions qui aurait gagné en efficacité compensatrice si la plupart d'entre elles avaient été quelque peu écourtées. Finalement, "Atheist Dezecration" souffre d'un "trop et pas assez". Reste à Dunklenacht à trouver le juste milieu pour vraiment convaincre.