Galop d'essai de l'équipe allemande en 1984, Burning The Witches demeure un disque important car il constitue une des premières incarnations féminines d’un genre, le Heavy Metal, jusqu’alors essentiellement masculin et dominé par une esthétique plutôt virile et machiste. Bien entendu, il y a eu d'autres groupes pour préparer le terrain mais, Warlock, en mettant en avant une femme capable de rivaliser avec les Bruce Dickinson et autre Udo Dirkschneider, s’impose comme un précurseur.
Basé à Düsseldorf, le combo qui s’articule alors autour de Doro(thee) Pesh, de Rudy Graf et Peter Szigeti aux guitares, de Frank Rittel à la quatre cordes et du batteur Michael Eurich, formation qui gravera également Hellbound, soit ses deux opus les plus durs, commence très vite à faire parler de lui à force d’écumer les petites salles de concerts où il peut apprivoiser un répertoire efficace à défaut d’être original en soit. Lorsqu’il entre en studio en novembre 1983, les chansons ont donc été rodées durant de longs mois et cela se sent. Certaines d'entre elles sont même apparues sur la démo capturée peu de temps avant.
Quelle maîtrise, déjà, de la part de jeunes musiciens à l’énergie communicative chez lesquels on perçoit l’envie d’en découdre. Plus dur que Lita Ford, plus inspiré que Girlschool, Warlock s’impose très vite comme une valeur sûre. Il faut dire qu’il a dans ses rangs une chanteuse de caractère, à la voix puissante et au grain si particulier : Doro, dont peu devaient alors imaginer qu'elle serait toujours en activité presque trente ans plus tard ! Respect !
Outre les qualités vocales de la jeune femme, le groupe prouve aussi avec cette offrande séminale sa capacité à pondre des hymnes Heavy Metal instantanés ("Burning The Witches"), qu’il s’agisse de brûlots rapides ("Hateful Guy", "Sign Of Satan", somme toute plutôt agressif pour l'époque), voire presque speed ("Metal Racer"), de mid-tempo ("Holding Me"). L’album va à 100 à l’heure et seule la poignante ballade "Without You" permet de se reposer les esgourdes un moment.
Le groupe réussira-t-il à faire mieux par la suite que ce disque qu’aucune baisse de régime ne vient empoisonner ? Ce n’est pas certain, seul Triumph And Agony étant d’un niveau comparable, dans un registre plus commercial cependant. Dans tous les cas, le succès est au rendez-vous et des hordes de fans se pressent alors à ses concerts pour le supporter et admirer sa chanteuse en action. Warlock se place donc en pionnier du Metal féminin, même si sa musique reste au final des plus masculines.